La Russie s'est pleinement acquittée de ses engagements alliés auprès de l’Arménie, a affirmé le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, lors d'une rencontre avec les habitants d'un village dans la région d'Aragatsotn, dans l’ouest du pays, où il est venu s’entretenir tant avec les responsables qu’avec la population.
«Notre partenaire stratégique, la Russie, a-t-elle rempli ses obligations d’alliée au cours de cette guerre [dans le Haut-Karabakh, ndlr]? Oui. Assurément et incontestablement. Mais il y a un point délicat. Nous avons longtemps et par divers moyens attribué à la Russie des engagements qu’elle n’a jamais pris. C'est une subtilité importante», a-t-il souligné.
En tant que pivot de l'ex-URSS, la Russie a des obligations non seulement vis-à-vis de l'Arménie, mais également envers d'autres anciennes républiques, y compris l'Azerbaïdjan, a-t-il expliqué.
Évoquant le dossier des armements, Nikol Pachinian a déclaré que l'Arménie avait acheté à la Russie des chasseurs Sukhoi Su-30SM sans missiles.
«Oui, nous avons acheté un avion, il nous a été livré en mai [2020, ndlr] et en effet, nous n'avons pas eu le temps d'acheter des missiles avant la guerre. Vous auriez pu acheter des avions pour que nous puissions avoir le temps d’acheter des missiles. Pourquoi un État de 26 ans n'avait-il pas d'aviation de chasse, quelqu'un peut-il me l'expliquer?», a-t-il lancé avant de rejeter la responsabilité sur les autorités précédentes.
3.250 victimes du côté arménien
Dans ce contexte, Nikol Pachinian a indiqué assumer entièrement la responsabilité pour la défaite du pays dans le conflit armé avec l'Azerbaïdjan afin que le peuple ne se sente pas vaincu, parce qu’il a tout fait pour le pays et lui a tout donné pendant 30 ans.
En visite dans un autre village de la région la veille, il a précisé le nombre de morts pendant le conflit dans le Haut-Karabakh: 3.250 personnes. En effet, a-t-il rappelé, certains font état de 4.000-5.000 morts, voire 10.000.
«Le pays a déjà subi de lourdes pertes et il n'est pas besoin de doubler ou tripler le nombre au nom de spéculations politiques», a-t-il noté.
Chasseurs et missiles Iskander
C’est l'ancien chef du service de contrôle du ministère arménien de la Défense, Movses Akopian, qui a fait savoir qu'Erevan avait acheté à Moscou des chasseurs sans munitions, étant donné que les lois russes interdisent la vente de missiles air-air d’une portée de 130 kilomètres à des pays tiers.
Les autorités arméniennes n’avaient pas confirmé cette information.
En février dernier, Nikol Pachinian avait déclaré que pendant le conflit armé dans le Haut-Karabakh, les systèmes de missiles russes Iskander s’étaient révélés inefficaces et n’avaient pas explosé du tout ou seulement «à 10%». Le chef adjoint de l'état-major général, Tiran Khatchatrian, avait démenti la déclaration du Premier ministre et l'a qualifiée de «peu sérieuse». Après quoi il avait été limogé.
Par la suite, Erevan a indiqué que Nikol Pachinian avait été mal informé au sujet de l'utilisation des Iskander lors du conflit dans le Haut-Karabakh. Le dossier s’est rapidement transformé en confrontation directe entre le chef du gouvernement et les militaires.
Fin des hostilités
Les affrontements armés entre les troupes arméniennes et azerbaïdjanaises dans le Haut-Karabakh ont éclaté le 27 septembre 2020 et ont duré jusqu'au 11 novembre, après quoi un accord de paix tripartite a été signé à Moscou. En conformité avec le document, une partie des territoires du Haut-Karabakh qui étaient contrôlés par l’Arménie est passée à l'Azerbaïdjan.
Des troupes de maintien de la paix russes ont été déployées dans la région. Les conditions de la trêve ont provoqué en Arménie des protestations et des exigences de démission concernant Nikol Pachinian.