Sur fond de l’émotion autour de la formation de caillots sanguins chez certains vaccinés avec le produit d’AstraZeneca, il a été rappelé que la prise de contraceptifs oraux combinés (COC) chez les femmes provoquait le même effet secondaire, avec une incidence supérieure.
Selon les données du régulateur britannique, Medicines and Healthcare products Regulatory Agency, cette complication est détectée «chez moins d’une personne sur un million de vaccinées». Pour l’Institut Paul Ehrlich, l’agence fédérale de réglementation médicale allemande, il s’agit, pour le moment, d’un taux d’incidence «d’un cas sur 100.000 vaccinations». En France, 13 cas d'évènements thromboemboliques pour plus de 1.041.000 injections ont été analysés au total lors du comité de suivi hebdomadaire de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), indique le site de cette dernière.
«Plus de risques de thromboses pour la pilule»
Dans le même temps, d’après un rapport de l’ANSM datant de 2011 (aujourd’hui disponible uniquement en version cache), pour les pilules de 3e génération et 4e génération, l’incidence d'un accident thromboembolique veineux est «d’environ 40 cas par an pour 100.000 femmes». Un chiffre bien supérieur à celui détecté jusqu’ici chez les personnes s’étant fait injecter le produit d’AstraZeneca.
«Il y a plus de risques de thromboses pour la pilule […], mais on continue à prescrire car c’est très utile», déclare Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président d’honneur de la Fédération des médecins de France, interrogé par Le Parisien.
Tentant d’expliquer la suspension de la substance d’AtraZeneca par les autorités françaises, il suggère une version politique: «Nous sommes à la botte de l’Allemagne, qui a suspendu en premier le vaccin».
Une comparaison valable?
Bien que la comparaison entre la thrombose causée par la substance d’AstrZeneca et celle provoquée par les COC, ait, certes, le droit d’exister, il faut tenir compte des mécanismes différents de leur formation, précise Nasrine Callet, gynécologue et oncologue à l’Institut Curie-Hôpital René-Huguenin.
«La pilule, surtout si on fume, elle modifie le métabolisme de sucre et de graisse, et bouche les artères. L’AstraZeneca semble agir plus directement sur les veines», explique-t-elle au Parisien.
Selon elle, il serait donc «hâtif» de comparer les deux phénomènes, d’autant plus que, alors que «la pilule n’est pas généralisée» à tout le monde, le vaccin, dont tous les risque ne sont pas encore connus, l’est.
Reprise autorisée par l’EMA
Suite à la publication le 18 mars par l’EMA de la conclusion selon laquelle «malgré un lien possible avec de rares caillots sanguins avec une baisse des plaquettes sanguines», les bienfaits du vaccin d’AstraZeneca l’emportaient toujours sur les risques, certains pays européens, dont la France, l’Allemagne et l’Espagne ont recommencé à l’administrer. Certains autres, notamment la Norvège et le Danemark, qui attendent les résultats de leurs propres examens, ne l’ont pas encore fait.