Biden pourrait-il qualifier de «tueur» le prince héritier saoudien?

© REUTERS / JONATHAN ERNSTJoe Biden
Joe Biden - Sputnik Afrique, 1920, 20.03.2021
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Après que le Président Biden a qualifié son homologue russe de «tueur», Sputnik a interrogé des experts américains pour savoir pourquoi il ne disait rien au sujet du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, alors que le renseignement US affirme que celui-ci a approuvé en personne un projet «pour capturer ou tuer» le journaliste Khashoggi.

Il est peu probable que le Président américain Joe Biden punisse ou qualifie de «tueur» le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, dans le cadre de l'affaire du journaliste saoudien Jamal Khashoggi parce que cela signifierait nuire aux intérêts de Washington, y compris aux ventes d'armes américaines à Riyad, a déclaré à Sputnik un ancien membre des services de sécurité et de renseignement américains.

Dans une interview à la chaîne ABC, Joe Biden a rappelé que les États-Unis avaient annoncé des sanctions contre tous ceux qui étaient impliqués dans l'assassinat du journaliste, mais pas contre le prince lui-même parce que lorsque Washington a «une alliance avec un pays», il n’en punit jamais le dirigeant. Le Président américain a en outre rappelé l’existence d’une «liste des choses que nous [les États-Unis, ndlr] attendons des Saoudiens».

«Je suis certain que la première chose sur cette liste est de continuer à nous acheter des armes pour des milliards de dollars», a affirmé à Sputnik l'ancien analyste du Pentagone Pierre Sprey.

Le colonel à la retraite Doug McGregor, ancien conseiller du Pentagone sous l’administration Trump, estime pour sa part que Joe Biden ne qualifie pas le prince saoudien de tueur parce qu'il n'y est pas autorisé.

«Ses assistants ne lui ont pas dit d’accuser le prince héritier d'Arabie saoudite», a-t-il indiqué.

Raymond McGovern, ex-analyste de la CIA, a déclaré à Sputnik que les propos de Joe Biden sur Vladimir Poutine sont une première dans les relations entre des superpuissances. Selon lui, une nouvelle période d’«échange de piques» commence dans les rapports bilatéraux. Chas W.Freeman, ancien ambassadeur des États-Unis en Arabie saoudite, croit de son côté que «ce n'est pas la première remarque inappropriée dans la longue histoire de la logorrhée de Biden, ce flux incontrôlé de paroles».

Deux poids, deux mesures?

À la question du présentateur d’ABC News de savoir s'il considérait Vladimir Poutine comme un «tueur», Joe Biden avait répondu par l’affirmative.

Selon un rapport du Bureau du directeur du renseignement national, c’est le prince Mohammed ben Salmane en personne qui avait approuvé un projet «pour capturer ou tuer» Jamal Khashoggi. Dans ce contexte, Joe Biden a déclaré à ABC avoir «clairement indiqué» au roi d’Arabie saoudite «que les choses allaient changer». Les autorités saoudiennes ont rejeté les conclusions du rapport, qualifiant ce dernier de «faux» et ont affirmé avoir pris les mesures nécessaires contre ceux qui ont commis le crime.

Jamal Khashoggi a été assassiné en octobre 2018 au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul où il était venu chercher un document. Dans un premier temps, les autorités saoudiennes ont nié sa disparition au sein de la mission diplomatique, mais après que des enregistrements vidéo et audio ont fait surface, elles ont été obligées d'avouer que le journaliste avait été tué «à la suite d'une altercation avec des employés consulaires». La police turque n'a jamais pu retrouver son corps.

Le Président russe avait précédemment commenté les propos de Joe Biden, en lui souhaitant une bonne santé et en rappelant qu'évaluer d'autres personnes, c'était comme se regarder dans un miroir. Il a également proposé à son homologue américain de «poursuivre [leurs] discussions» vendredi ou lundi. Joe Biden s’est déclaré dès vendredi certain qu’il s’entretiendrait avec Vladimir Poutine «à un moment donné».

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