«Ma force, c'est d'être moche»: Corinne Masiero explique son exhibition lors des César

© AFP 2024 BERTRAND GUAYCorinne Masiero sur scène lors de la 46e cérémonie de César à l'Olympia à Paris, le 12 mars 2021
Corinne Masiero sur scène lors de la 46e cérémonie de César à l'Olympia à Paris, le 12 mars 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 19.03.2021
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Sans une exhibition aussi sensationnelle, il serait impossible de parler avec authenticité aux César de la précarité de ceux qui travaillent pour la culture, estime la comédienne Corinne Masiero. Son intervention «à poil» lors de la dernière cérémonie de remise des prix cinématographiques a choqué les spectateurs.

Corinne Masiero est revenue sur sa participation inconvenante lors de la dernière cérémonie des César pour Mediapart et ne mâche pas ses mots.

Lors de la 46e cérémonie des César, le 12 mars, la comédienne de 57 ans connue pour son rôle dans la série Capitaine Marleau, devait remettre le prix des meilleurs costumes. Elle est montée sur scène dans un costume de Peau d’âne ensanglanté avant de se mettre entièrement nue face au public. «No culture, no futur» [sic], était écrit sur sa poitrine. Sur son dos, un message taclait le Premier ministre: «Rends-nous l’art, Jean».

Montrer la précarité

«L’idée c’était vraiment de montrer qu’on était à poil. Faut vraiment le faire sinon cela n’a aucun sens», explique la comédienne au micro de Mediapart pour l’émission «À l’air libre».

Son but était de «parler de la précarité des gens qui sont de la culture, des gens de l’éducation, à la santé […] et des élèves», explique-t-elle. Et sans cet acte, toute sorte de revendications de la part des acteurs de la culture n’auraient pas eu cette force, «on ne pourrait pas en parler», estime-t-elle.

«Arrêtez de faire bla-bla»

En outre, la comédienne conseille à l’exécutif d’«arrêter de faire bla-bla» et de venir «écouter la détresse qu’il y a là sur le plateau», des gens qui sont en train de «crever».

Elle tacle aussi la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, qui avait vivement critiqué sa démarche en la qualifiant de «navrante»:

«Si elle n’est pas contente, elle n’a qu’à venir pour me le dire, elle était dans la salle», s’étonne la comédienne.

Un défi pour la société «patriarcale et sexiste»

De plus, selon l’actrice, son passage à l’acte était un défi pour la société, qui est «patriarcale et sexiste».

Le message ainsi se voulait plus fort en montrant qu’une femme de 57 ans ose «se foutre à oilpé [à poil, ndlr] sans être rafistolée […], avec la cellulite» et monte face au public.

«Moi, ma force, c’est d’être moche, populaire et vulgaire, parce que vulgaire c’est ce qui vient du peuple, et donc si cela gêne des gens, posez-vous les bonnes questions», revendique Mme Masiero.
Des réactions diamétralement opposées

L’actrice fait état d’un «tsunami» de messages «je t’aime» et de remerciements pour «prendre la parole pour nous»: du Brésil, de Corée du Sud, des États-Unis, de l’Inde, énumère-t-elle.

A contrario, une majorité écrasante de personnalités politiques n’a pas apprécié l’intervention de Masiero. Outre la ministre de la Culture, qui avait noté que «cette affaire a nui à l'image du cinéma français», Jean Castex a admis qu’il y a eu «des cérémonies peut-être de meilleure tenue». Il a rappelé que la France avait débloqué 7,4 milliards d’euros d’aide pour le secteur du spectacle.

Quelques jours après ce coup de poing de l’actrice engagée, dix élus Les Républicains ont adressé une lettre au procureur de la République de Paris pour signaler «une exhibition sexuelle imposée» par la comédienne.

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