Les campagnes vaccinales en France ont accouché d’un nouveau paradoxe: des députés ont en effet proposé une vaccination par AstraZeneca dans leurs rangs… à l’heure où la substance est toujours suspendue par les autorités sanitaires.
Un groupe de 41 parlementaires a ainsi envoyé un courrier à Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, proposant que «tous les députés volontaires puissent se faire vacciner dès que possible avec le vaccin AstraZeneca», rapporte L’Express. Une initiative qui ne pourra cependant être menée qu’après le verdict de l'Agence européenne des médicaments (EMA) sur le produit des laboratoires suédo-britanniques, attendu ce jeudi 18 mars.
Une démarche qui se rapproche de celle du Premier ministre, Jean Castex ayant affirmé sur BFM TV qu’il se ferait lui-même vacciner avec l’AstraZeneca, si celui-ci était approuvé par le régulateur européen.
Déficit de confiance
Dans leur missive, les députés insistent sur la défiance des Français vis-à-vis de l’AstraZeneca, après son «mauvais démarrage», doublé de sa suspension ce lundi 15 mars. Un constat légitime, à en juger par un récent sondage Elabe révélant que seuls 20% des Français seraient prêts à se fier à l’AstraZeneca, alors que 52% feraient confiance au vaccin Pfizer-BioNTech.
Les parlementaires estiment donc devoir donner l’exemple, en vue de tranquilliser les Français. Leur lettre insiste sur le caractère «fiable» de l’AstraZeneca, un produit jugé en outre «indispensable à notre stratégie vaccinale».
«Cette vaccination collective pourrait sans doute contribuer à créer de la confiance et à rassurer les Français sur l’innocuité du vaccin […] Nous devons à tout prix rassurer les Français», écrivent ainsi les élus.
Cacophonie au plus haut niveau
L’initiative intervient alors que la confusion règne sur le sort réservé à l’immunisation par l’AstraZeneca. Le 11 mars, Olivier Véran avait ainsi affirmé en conférence de presse qu’il n’y avait «pas lieu de suspendre la vaccination»; il avait été suivi par Jean Castex trois jours plus tard, qui assurait sur Twitch qu’il fallait «avoir confiance» dans ce vaccin.
Le lendemain, la France emboîtait le pas à l’Allemagne pour suspendre l’AstraZeneca par «précaution», en attendant l’avis de l’EMA. Le 17 mars, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a assuré que les vaccinations reprendraient «sans délai», en cas de verdict favorable de l’agence européenne.