À l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, fêtée le 8 mars de chaque année, l’association Féminicides Algérie a choisi de participer à un reportage réalisé par la chaine allemande DW Arabic dans lequel elle a fait la lumière sur un fléau qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes dans le pays.
En effet, sur sa page Facebook, l’association affirme avoir recensé «neuf femmes assassinées» depuis le début de l’année, alors qu’en 2020 elle avait enregistré «54 cas de féminicides» dans le pays. Tout en rappelant que les chiffres réels sont beaucoup plus importants, le collectif affirme que «ces victimes ont été notamment assassinées par leur mari, leur ex-époux et leur fiancé». Dans ce contexte, DW Arabic a recueilli le témoignage glaçant de Manel, une jeune mère de deux garçons, «sauvagement torturée par son mari».
Victime du mariage traditionnel
La jeune femme explique qu’elle s’est unie à son mari alors qu’elle avait 16 ans et lui 23 ans «conformément au mariage traditionnel».
«Juste après notre mariage, ma vie est devenue un enfer», informe-t-elle, visage masqué. «Mon mari me torturait et m’avait même menacé de me tuer moi et mon jeune frère».
«Il me liait les mains avec du scotch et m’arrachait les cheveux avec des clous», raconte-t-elle. «Les actes de mon mari relevaient de la pure barbarie».
Après son divorce, Manel a choisi de se consacrer totalement à ses deux fils et refuse de refaire sa vie avec un autre homme. «Mes enfants sont ma vie et je n’ai aucune confiance dans les hommes», lance-t-elle.
«La société ne m’a pas épargnée»
S’étant retrouvée dans le besoin après sa séparation avec son mari, Manel affirme que non seulement les personnes qu’elle a sollicitées ne l’ont pas aidée, mais qu’elle a même souffert du regard accusateur de la société.
«J’ai sollicité beaucoup de gens pour m’aider, malheureusement personne n’a tenu sa promesse», soutient-elle, déplorant le fait, qu’en plus de cela, «la société ne m’a pas épargnée».
«Des personnes me jettent des regards accusateurs comme si c’était moi la fautive», regrette-t-elle, «personne ne sait que c’est une femme que son mari a malmenée». «Les gens se disent que si son mari l’a traitée violemment, c’est peut-être que c’est elle la fautive», conclut-elle avec amertume.
Intervenant dans le même reportage, Amel Hadjoudj, membre de Féminicides Algérie, appelle les Algériennes victimes de violences à briser le mur de la peur et à dénoncer leur bourreau avant que le pire n’arrive. Elle informe également que l’association a mis en place une aide diversifiée pour accompagner et former les femmes victimes de violences conjugales.