Il aura fallu à peine un mois pour que Joe Biden commence à bombarder le Moyen-Orient. À croire qu’il s’agit d’une sorte de rituel initiatique pour tout Président américain, qu’il soit Démocrate ou Républicain.
Mais pourquoi les troupes américaines sont-elles toujours dans le pays, alors que le Parlement irakien a voté leur expulsion à la suite de la mort du général Soleimani? Si le personnel américain quittait effectivement l’Irak et le reste du Moyen-Orient, les États-Unis n’auraient plus aucune raison de continuer à bombarder la région sous prétexte d’autodéfense. Alors, qu’est-ce qui les empêche de faire leurs valises, de se retirer du Moyen-Orient et de laisser ces pays entre eux pour régler leurs propres affaires?
Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France et auteur du livre Les guerres de Syrie (Éd. Glyphe), explique que l’Irak veut aujourd’hui s’affranchir de l’ingérence américaine:
«Le gouvernement irakien réclame le départ des troupes américaines et je pense que les États-Unis font semblant de ne pas comprendre. Leur présence n’est plus du tout souhaitée, même s’il faut rappeler que le pouvoir irakien reste une émanation un peu lointaine de l’occupation américaine de l’Irak. Mais aujourd’hui, l’Irak veut se dégager de cette tutelle et renouer des liens avec la Syrie et tout l’axe chiite.»
Quel était l’objectif des attaques américaines? Michel Raimbaud précise qu’au-delà des milices pro-iraniennes, la véritable cible était le Hezbollah:
«Je pense que c’étaient les combattants du Hezbollah irakien qui étaient visés. Le Hezbollah est un parti chiite transnational: il y a le Hezbollah du Liban, des milices y sont apparentées –en Syrie certainement–, et il y a aussi le Hezbollah irakien.»
En quoi ces représailles américaines sont-elles licites? L’ancien ambassadeur écarte l’argument légal:
«Les États-Unis n’ont pas besoin de prétexte légal pour bombarder. Ils bombardent parce que tel est leur bon plaisir. Après, le reste n’est que des prétextes auxquels plus personne ne croit et je pense que les Américains eux-mêmes n’y croient pas.»