Covid-19 au Cameroun: le gouvernement alerte, la population insouciante

© Sputnik . Anicet SimoDes conducteurs de mototaxi et des usagers à l’entrée de l’hôpital Laquintinie de Douala
Des conducteurs de mototaxi et des usagers à l’entrée de l’hôpital Laquintinie de Douala - Sputnik Afrique, 1920, 10.03.2021
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Depuis peu, le Cameroun fait face à une flambée des cas de contamination par le coronavirus et l’hypothèse de la présence d’une nouvelle variante fait craindre le pire. Yaoundé a décidé de réactualiser des mesures de restrictions appliquées au plus fort de la pandémie. Cependant, la population reste sceptique malgré de nombreux avertissements.

Le long des routes qui bordent l’hôpital Laquintinie de Douala, ce 10 mars, le décor est composé de la foule des passants se pressant devant les commerces. Si pour franchir les portes du centre hospitalier, le port du masque est obligatoire, à l’extérieur c’est une toute autre histoire. Dans cette ruche humaine, le respect des mesures barrières n’est pas devenu une habitude, un an après la survenue du premier de cas de Covid-19 dans le pays. Dans le discours des conducteurs de mototaxi, toutes les hypothèses sont encore évoquées, des plus invraisemblables aux plus loufoques.

«Si la maladie devait me tuer, je serais mort depuis longtemps. Quand tu nous vois regroupés là, collés les uns aux autres tous les jours, penses-tu vraiment que l’affaire, là, existe? En tout cas, c’est Dieu qui nous garde », nous lance Paul Njiya, conducteur de moto.

«Mon masque que je porte c’est pour me protéger de la poussière de Douala. Le Coronavirus est fini depuis longtemps», lance un autre chauffeur, le masque sous le menton. Si la plupart de ses confrères ne sont pas loin de penser la même chose, des commerçantes comme Marthe Olong semblent conscientes du danger pour avoir vu plusieurs membres de sa famille succomber au fameux virus.

«Je fais l’effort de respecter les mesures. Au début, je faisais comme les autres, mais j’ai perdu deux membres de ma famille à cause de cette pandémie. Le dernier, c’est mon oncle qui en a beaucoup souffert », confie-t-elle à Sputnik.

Le gouvernement alerte

À Douala comme dans les autres villes du pays, la tendance est au relâchement total, malgré les nombreuses mises en garde du gouvernement camerounais qui, face à une nouvelle explosion des cas de Covid-19, appelle à un comportement responsable de la population et au respect strict des gestes barrières. Le 5 mars, Joseph Dion Ngute, le Premier ministre, a dans une déclaration, fait le point sur la situation tout en appelant à la vigilance. Fin février, le pays a enregistré plus de 3.000 nouveaux cas de personnes testées positives et 37 décès en une semaine, soit le double des 1.600 contaminations et plus du quintuple des sept décès enregistrés pendant tout le mois de janvier, déjà présentés par les autorités comme des chiffres record pour le pays. Le Cameroun compte à ce jour plus de 36.000 cas pour environ 560 morts, faisant du territoire l’un des plus touchés d’Afrique subsaharienne depuis le début de la pandémie. La dernière sortie du chef du gouvernement vise à rappeler à l’ordre les personnes qui vivent dans le mépris le plus complet des mesures barrière édictées par le gouvernement afin de riposter au redoutable virus.

«Tout porte à croire que la détérioration de la situation épidémiologique que nous observons aujourd’hui est en grande partie due au relâchement dans l’application des gestes barrières, et au non-respect des mesures de restriction prises le 17 mars 2020, dont certaines sont encore en vigueur», a-t-il relevé dans sa déclaration.

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Le gouvernement a par la même occasion rappelé des mesures prises pour la lutte contre l’épidémie. Des mesures que la majorité avait depuis, reléguées aux oubliettes, particulièrement le protocole de lavage des mains ou l’utilisation de gels hydro-alcooliques à l’entrée de tous les établissements ouverts au public, y compris des lieux de culte. Il a également prescrit la limitation à 50 personnes des rassemblements, notamment à l'occasion de mariages ou d'obsèques. Le chef du gouvernement a déclaré par ailleurs que les opérations de dépistage aux frontières aériennes, maritimes et terrestres seraient renforcées, afin de réduire les risques d’importation des variants du Covid-19.

L’étape du vaccin

Si dans les administrations publiques et autres entreprises privées, les gestes de protection contre la pandémie sont progressivement remises en place -à la suite de la sortie du Premier ministre, en revanche dans les rues, les transports, les marchés et lieux de cérémonie, la réalité est tout autre. Cependant, au-delà des chiffres sans cesse croissants, Manaouda Malachie, le ministre de la Santé publique, avertit également de la possible présence de la variante sud-africaine en territoire camerounais.

Alors que les autorités sanitaires peinent à faire comprendre la nécessité de retourner urgemment à l’observance des mesures barrières, dans le pays, l’heure est également à la planification de la stratégie de vaccination. Dans son discours, Joseph Dion Ngute a aussi précisé: «Dans la perspective de renforcer notre dispositif de prévention, le chef de l’État a instruit le gouvernement d’engager des démarches auprès des organismes partenaires en vue de l’acquisition des vaccins contre le Covid-19. Plus d’un million de doses de vaccin seront disponibles à très brève échéance».

​Une annonce complétée par celle du Ministre de la Santé publique: «Le Cameroun, après les diligences rendues possibles par le chef de l’État, recevra dans 2 semaines ses premières doses de vaccin britannique AstraZeneca», a-t-il déclaré le 5 mars.

«Les cibles prioritaires pour la vaccination contre le Covid sont: les personnels de santé, les personnes de plus de 50 ans avec comorbidités, les personnes vulnérables, les enseignants…», a expliqué le ministre Manaouda Malachie, soulignant toutefois que le vaccin sera gratuit et non obligatoire au Cameroun.
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