Libération a expliqué sa décision de publier la lettre d’un violeur pour la Journée internationale des femmes, à travers un billet signé par son directeur de rédaction Dov Alfon. Le quotidien avait en effet donné la parole au petit ami d’Alma Ménager, jeune femme de 18 ans, violée en 2019. La missive faisait même la Une du journal.
Face au tollé suscité, Libération se désole donc de s’être «si mal fait comprendre» et exprime son «profond regret» d’avoir déçu certains lecteurs.
Le quotidien assume cependant sa ligne éditoriale, jugeant la démarche «extrêmement utile» à la fois pour «éclairer le cheminement du crime» et pour lutter contre la «banalisation» du viol dans la société. La rédaction estime que le mea culpa du violeur ne méritait pas de finir «à la poubelle».
Des «maladresses»
Libération concède cependant avoir commis quelques impairs. Le journal regrette ainsi sa publication en Une «évidemment malheureuse», son choix de la date du 8 mars ou encore le fait que la lettre du violeur couplé au témoignage de sa victime n’aient été accessibles qu’aux abonnés sur le site Internet.
La rédaction souligne avoir voulu faire œuvre de «dénonciation», alors que ces lecteurs lui reprochent au contraire d’avoir voulu banaliser le crime.
«Il n’y a cependant aucune ambiguïté: cette publication s’inscrit évidemment et pleinement dans notre combat quotidien contre les violences faites aux femmes et contre les crimes sexuels», écrit ainsi Dov Alfon dans son billet.
La publication de cette lettre polémique avait notamment soulevé la colère de militants féministes comme Caroline de Haas.
En fait, TOUT est indécence, mépris et violence dans ces papiers de @libe. TOUT.
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) March 7, 2021
C’est l’angoisse absolue.
(Notre zone de confort ?!?!?! Sérieusement ? T’écris un papier sur le viol et tu parles de zone de confort mais 🤯) pic.twitter.com/UYrJ7f9vce