Nicolas Sarkozy est prêt à saisir la Cour européenne des droits de l'Homme, quitte à attaquer la France, pour contester sa condamnation dans l'affaire dite des écoutes, déclare-t-il dans une interview publiée mardi 2 mars par Le Figaro.
L'ancien chef de l'État a été condamné lundi à trois ans de prison, dont un ferme, une première pour un président de la Ve République, pour corruption et trafic d'influence.
«Je sais que nous sommes dans un combat de long terme. J’ai fait appel de la décision, peut-être faudra-t-il que ce combat s’achève devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH)», déclare Nicolas Sarkozy au Figaro dans sa première réaction à sa condamnation. «Ce serait pour moi une souffrance que d’avoir à faire condamner mon propre pays, mais j’y suis prêt car ce serait le prix de la démocratie.»
Pas de preuves
L'ancien Président, qui clame une nouvelle fois son innocence, affirme que «des preuves, il n'y en a pas dans ce dossier». Il dénonce l'utilisation qui a été faite par l'accusation de conversations téléphoniques qu'il a eues avec son avocat Thierry Herzog, lui aussi condamné.
«Dans quelle démocratie le leader de l’opposition que j’étais à l’époque peut-il être ainsi espionné, pendant sept mois, en voyant le contenu de ses conversations livrées à la presse?», s'interroge-t-il, en mettant en doute «la partialité de certains magistrats» à son égard.
«Si nous étions dans la Russie de M.Poutine, les défenseurs des droits de l’homme crieraient que c’est gravissime», insiste-t-il en dénonçant les méthodes du parquet national financier (PNF).
Présidentielle 2022
Tout en refusant de dire si l'actuel Président Emmanuel Macron lui a exprimé son soutien, Nicolas Sarkozy dit n'avoir «aucun reproche à faire ni au gouvernement, ni même aux membres de la majorité» et confirme qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle de 2022, bien que certains à droite voient en lui un recours.
«J’avais dit que je ne serai pas candidat à l’élection présidentielle, je le maintiens», déclare-t-il.
«Je ferai mon devoir en disant ce que je pense. Les enjeux sont trop importants pour se taire. Le moment viendra», dit-il. «Au moment où chacun aura fait valoir ses ambitions légitimes, je dirai qui je soutiens et pourquoi je le fais, en toute transparence avec ma famille politique.»
Affaire des écoutes
L’ancien chef de l’État a été reconnu coupable le 1er mars de corruption et de trafic d'influence dans le cadre de l'affaire des «écoutes» qui a débuté en 2014. Un verdict «extrêmement sévère», «totalement infondé et injustifié», a dénoncé sa défense.
Sarkozy avait été mis sur écoute concernant un possible financement illégal de sa campagne présidentielle en 2007. Par la suite, les enquêteurs ont annoncé que Sarkozy avait pu promettre une aide à Gilbert Azibert, par l’intermédiaire de son avocat Thierry Herzog, en échange d’informations confidentielles portant sur cette première affaire.
Thierry Herzog et l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert ont été également condamnés à trois ans d’emprisonnement dont un ferme. La justice n'a émis de mandat de dépôt à l'encontre d'aucun des trois.