Libération a créé quelques remous au sein de la majorité en publiant les témoignages d’électeurs de gauche assurant qu’ils ne voteraient pas Emmanuel Macron aux prochaines présidentielles, même face à Marine Le Pen au second tour.
La Une du quotidien, renvoyant la chef de file du RN et le président de la République dos à dos, a choqué du côté de LREM. Idem pour le titre «J’ai déjà fait barrage, cette fois c’est fini», traduction de cet essoufflement du «front républicain» pointé par le journal.
Sur Twitter, Christophe Castaner, président du groupe LREM à l’Assemblée, a souligné la responsabilité de «ceux qui épargnent les extrêmes», précisant que son vote ne fera pas de doute en cas de duel Macron-Le Pen à la prochaine présidentielle.
J’ai déjà fait barrage. Et je le ferais encore.#FrontRepublicain
— Christophe Castaner (@CCastaner) February 27, 2021
Ceux qui épargnent les extrêmes, toujours et encore, portent une responsabilité. pic.twitter.com/QP6fXILbEE
La députée européenne Nathalie Loiseau a pour sa part comparé la Une de Libération avec une autre vieille de 19 ans qui appelait alors à lutter contre Jean-Marie Le Pen lors des élections de 2002. Elle accuse le quotidien et une partie de la gauche d’avoir renoncé à ses valeurs.
19 ans. Il n’aura fallu que 19 ans à une partie de la gauche pour perdre la boussole, renier ses valeurs et espérer le pire, dans l’attente illusoire de jours meilleurs pour elle. Trump, Poutine: les amis de Mme Le Pen sont connus de tous, leurs méfaits aussi. Des somnambules. pic.twitter.com/3VN7AOghdv
— Nathalie Loiseau (@NathalieLoiseau) February 27, 2021
La députée des Yvelines Aurore Bergé souligne quant à elle une responsabilité collective dans la montée en puissance du RN. Elle dénonce en outre la «prophétie auto-réalisatrice» qui place forcément le mouvement de Marine Le Pen au second tour des prochaines présidentielles.
On est tous responsables. Tous.
— Aurore Bergé (@auroreberge) February 27, 2021
On peut éviter le prophétie auto réalisatrice disant matin, midi et soir, jusqu'à la nausée, qu'il est inévitable que le RN soit au second tour.
On peut aussi tous combattre le RN plutôt que mettre en cause ceux qui se sentent seuls à le faire. https://t.co/WMSg6KDx8L
Des raisons de s’inquiéter?
D’autres membres de la majorité ont au contraire défendu la ligne éditoriale de Libération, admettant la réalité de cet effritement du vote barrage. Le député de la Loire Jean-Michel Mis a ainsi reconnu que le journal mettait le doigt sur «une vérité qui dérange». Au-delà de la «provoc» médiatique, il appelle à s’interroger sur le malaise des électeurs de gauche face au projet porté par LREM.
Facile de critiquer cette une provoc de @libe mais plus difficile d’admettre que l’édito de @dovalfon pointe une vérité qui dérange. Beaucoup d’électeurs de gauche sont déstabilisés par une gestion de crise qui peine à définir un projet politique progressiste pour le temps long. https://t.co/N3VY3aUBmy
— Jean-Michel MIS 🇫🇷 (@JeanMichelMIS) February 27, 2021
Le député de la Creuse Jean Baptiste Moreau est allé encore plus loin, actant comme Libération la fin du «front républicain». Il souligne que l’arrivée du RN au pouvoir ne pourra être évitée «par l’incantation» et invite à se recentrer sur l’action.
@libe à raison de nous alerter sur l'état de l'opinion et de l'électorat. Il n'y aura plus de front républicain, c'est un fait. Le RN au pouvoir serait une catastrophe. Nous ne l'empêcherons pas par l'incantation mais par notre action, notre humilité et notre force de conviction pic.twitter.com/mtW1BOb9uG
— Jean Baptiste Moreau (@moreaujb23) February 27, 2021
La Une de Libération a également ému au-delà de la sphère politique. Bernard Henri-Levy dénonce des journalistes «spéculateurs en désastre», un signe d’une «fatigue de la démocratie».
Plutôt #LePen que #Macron? Cyniques. Nihilistes. Fatigue de la démocratie. Spéculateurs en désastre.
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) February 27, 2021
Et étrange défaite des idiots utiles du populisme. Au mieux, c’est puéril. Au pire, criminel. La démocratie ce n’est jamais «fini». Faire barrage au pire, C’EST une politique. pic.twitter.com/mr9FPZ9vIR
Le 27 février, l’hebdomadaire Challenges faisait état d’une enquête d’opinion Harris Interactive, non publiée officiellement, donnant Emmanuel Macron vainqueur au second tour de la prochaine présidentielle, contre Marine Le Pen. Mais le Président sortant ne recueillait que 52% des intentions de vote, contre 48% pour sa rivale. Une situation de quasi-égalité en tenant compte d’une marge d’erreur de 2%, précise Challenges.
Suite à la publication de Libération, le hashtag #NiMacronNiLePenEn2022 a vu le jour, s’installant parmi les tendances de Twitter.