Après plus d’un siècle des débats sur les origines de la phrase «Ne peut avoir été peint que par un fou» tracée au crayon sur le fameux Cri d’Edvard Munch, des chercheurs du musée national de l'Art, de l'architecture et du design de Norvège ont finalement tranché: l’inscription n'a été faite par nul autre que l'artiste lui-même.
"For a century the graffiti was thought to have been the scream of a critic offended by the “abnormality” of Edvard Munch’s art."https://t.co/00GfaDQMfd
— nasjonalmuseet (@nasjonalmuseet) February 22, 2021
Le musée rappelle dans un communiqué que la phrase a été mentionnée pour la première fois suite à l’exposition du tableau en 1904 à Copenhague, soit 11 ans après sa création. Un critique d’art danois avait alors supposé que l’inscription avait été faite par un visiteur qui voulait ainsi exprimer son ressenti envers l’artiste et son tableau.
Ce sont notamment des images infrarouges qui ont rendu l’inscription beaucoup plus visible et ont dissipé tous les doutes quant à la main qui en est responsable. Cependant, il reste à expliquer ce qui a poussé Edvard Munch à prendre un crayon et à tracer ces mots étranges une fois son chef d’œuvre terminé.
Pourquoi l’inscription?
Les chercheurs rappellent que le Cri, présenté pour la première fois en Norvège en 1895, avait provoqué à l’époque de vives critiques. Henrik Grosch, directeur du musée norvégien des Arts décoratifs et du design avait alors écrit que les peintures de Munch montraient que personne ne pouvait plus le considérer «comme un homme sérieux avec un cerveau normal».
La même année, l’étudiant en médecine Johan Scharffenberg avait également remis en question l'état mental de Munch. Évoquant son Autoportrait avec cigare, fait en 1895, il affirmait que l’artiste n'était pas un être humain normal.
«Nous pensons que Munch a écrit ceci après avoir entendu le jugement de Scharffenberg sur sa santé mentale, en 1895 ou quelque temps après», estime Mai Britt Guleng, conservateur au musée national.
L’artiste, soulignent les chercheurs, était en outre préoccupé par l'idée d’une maladie héréditaire car son père et son grand-père souffraient de ce qu'on appelait alors la mélancolie et sa sœur Laura Munch avait été admise dans un hôpital psychiatrique.