Dans un entretien accordé à la radio tunisienne Diwan FM, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) Rached Ghannouchi a expliqué qu’une bonne part «des problèmes économiques de la Tunisie ne pourront être résolus que dans un cadre régional». À cet effet, il estime qu’un noyau initial formé de l’Algérie, de la Libye et de la Tunisie «pourrait servir de locomotive pour relancer la construction de l’Union du Maghreb arabe (UMA) sur des bases solides».
«Pour des raisons internes à la Tunisie, notamment idéologiques, nos différents gouvernements n’ont malheureusement pas participé de manière active à aider nos frères libyens à stabiliser leur pays et à relancer le processus de sa reconstruction», regrette M.Ghannouchi, soulignant que «plusieurs problèmes économiques, dont le chômage par exemple, pourront être résolus si la stabilité revenait dans ce pays».
«Les Libyens étaient le taux le plus élevé de touristes qui visitaient la Tunisie, et environ 500.000 Tunisiens travaillaient en Libye», informe-t-il.
L’Algérie, la Libye et la Tunisie, «le noyau de l’UMA»
Dans le contexte de l’accord de normalisation entre le Maroc et Israël et la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara occidental, la pierre d’achoppement qui bloque depuis des décennies la construction de l’UMA, Rached Ghannouchi affirme qu’«un premier noyau formé de l’Algérie, la Libye et la Tunisie pourrait servir de locomotive primaire pour lancer la construction de l’UMA».
Selon lui, «ces trois pays pourraient être pour l’UMA ce qu’avaient été la France et l’Allemagne [et l’Italie pour le marché commun européen tel que lancé pour la première fois par le général De Gaulle dans les années 1950, ndlr]».
Tout en affirmant que ses relations avec le chef de l’État algérien Abdelmadjid Tebboune «sont excellentes et ne peuvent pas être autrement», le président de l’ARP appelle de tous ses vœux «l’ouverture des frontières entre les trois pays, le lancement d’une monnaie commune et le développement d’un partenariat agricole et industriel dans le cadre d’un marché commun entre eux».
Enfin, il affirme que «les nouvelles générations doivent prendre à bras le corps ce défi et ce rêve de la construction de l’Union du Maghreb arabe», appelant «le chef de l’État et ses homologues tunisien et libyen à ouvrir la voie à ce projet».
En juin 1988, lors du sommet de Zéralda, en Algérie, qui avait rassemblé les chefs d’État des cinq pays maghrébins: l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, il avait été décidé de constituer une Commission mixte chargée de définir les voies et moyens permettant le lancement d’une Union du Maghreb arabe (UMA). En février 1989, le Traité constitutif de l’UMA avait été signé par les cinq mêmes chefs d’État maghrébins, lors d’un deuxième sommet tenu à Marrakech au Maroc. Depuis, l’UMA n’a réalisé aucune percée, notamment à cause du conflit au Sahara occidental.