L’état d’esprit des Français à l’égard de la chose publique s’est dégradé l’an dernier. L’aiguille du baromètre annuel de la confiance politique, publié par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), oscille autour de «variable».
Claude Rochet, ancien haut fonctionnaire, professeur honoraire à l’université Aix-Marseille III, relève dans les résultats de l’enquête du CEVIPOF «certains paradoxes», puisqu’ils «se basent sur un rattachement des répondants à des appareils politiques discrédités.»
«Ce sont les résultats de très court terme. Dans les facteurs de défiance, il y a la gestion de la crise du Covid. Notamment un discrédit très fort du pouvoir médical, qui apparaît corrompu par la proximité avec des labos», analyse Claude Rochet.
Très critique envers les «médecins qui passent leur temps sur les plateaux télé», ce spécialiste des stratégies des politiques publiques trouve logique «qu’il n’y a plus aucune considération pour le personnel [politique, ndlr].»
La stratégie de la peur
L’absence d’informations claires reste pour cet ancien haut fonctionnaire l’un des facteurs qui poussent les Français à suivre le mouvement général: «on ne sait pas quoi faire, mais on va se faire vacciner quand même.» Même si, d’après lui, les informations sur le vaccin sont aussi «tronquées».
«On a la trouille. Ça génère un sentiment d’impuissance. Au mieux, ça démoralise. Au pire, ça crée des problèmes de santé mentale», tacle-t-il.
Pour le professeur honoraire à l’université Aix-Marseille III, c’est chez les populations jeunes que la situation semble la plus préoccupante et il prédit «des pathologies psychiatriques qui vont sortir» de la crise sanitaire.
Le poids de la propagande
«On a l’archipel de l’oligarchie des cœurs de villes face aux classes populaires qui ont perdu leurs attaches territoriales. Et tout autour, vous avez la France périphérique, “de terroir”, attachée à ses traditions, mais non politisée. Tout cela a généré un sentiment d’impuissance et rend les gens dépressifs», explique Claude Rochet.
Et, d’après l’étude du CEVIPOF, sur ce fond de société éclatée, l’archipel de la famille reste un point d’ancrage des Français, avec 94% de confiance éprouvée.
Retour aux traditions?
«On se méfie des hommes politiques ou de toutes les formes d’expression citoyenne. Mais paradoxalement, les Français recommencent à militer. Dans une optique que peut-être à terme ça permettrait d’obtenir un changement», estime-t-il au micro de Sputnik.
Cette «très faible» remontée de confiance envers les syndicats qui est «passé de 1/5 e il y a un an à 1/3» est due, d’après M. Andolfatto à la proximité des syndicats avec les aspirations quotidiennes des Français, «le travail, le chômage partiel, les salaires».
Néanmoins, cette douce remontée reste loin derrière la confiance exprimée envers le personnel médical (85%), les hôpitaux (81%) ou la science (78%).