Deux personnes sont mortes à Libreville au Gabon, jeudi 18 février, à la suite de heurts entre la police et les manifestants. Ces derniers étaient sortis dans les rues de plusieurs villes du pays pour protester contre les nouvelles restrictions de mouvement imposées par le gouvernement dans le but de freiner la propagation du coronavirus.
«Dans des circonstances non encore élucidées, deux personnes à Libreville ont subi des blessures par balles et en ont succombé», a déclaré Serge Hervé Ngoma, le commandant en chef de la police dans un message diffusé sur les réseaux sociaux.
Il a ajouté qu'une enquête avait été ouverte pour élucider les circonstances de ces décès.
La révolte des casseroles
À la suite d’un durcissement des mesures de lutte contre la pandémie, le mouvement dit des «casseroles» a été lancé en guise de protestation. Chaque soir, à partir de 20 h, les Gabonais sont invités à se mettre devant les portes ou fenêtres et à taper sur une casserole durant 5 minutes. Un procédé qui rappelle «les casseroles de 20 h» en France pour soutenir les soignants, encore que l'objectif soit ici tout autre.
Mais ce 18 février, les choses ont dégénéré lorsque des jeunes sont sortis dans les rues pour poursuivre la contestation, violant ainsi le couvre-feu. Des heurts avec la police ont alors éclaté.
De nouvelles mesures face à l'aggravation de la situation sanitaire
Au cours d’une conférence de presse, vendredi 12 février, le gouvernement a annoncé le durcissement des dispositions contre la propagation du Covid-19.
Justifiant le renforcement des mesures, le ministre de la Santé Guy Patrick Obiang Ndong a expliqué qu’elles étaient nécessaires devant la menace des nouveaux variants du Covid-19 et la contamination des plus jeunes.
«Nous nous rendons compte qu’en janvier, la tranche d’âge comprise entre 10 et 19 ans a été fortement touchée par la pandémie de Covid-19», a-t-il déclaré à la presse.
Un arsenal jugé trop contraignant pour de nombreux citoyens comme Appolinaire Okoué. Commerçant à Libreville dans la capitale gabonaise, il ne cache pas sa frustration et son inquiétude pour ses affaires. «Avec le couvre-feu qui débute tous les jours à 18h, il faut fermer son commerce assez tôt pour arriver à rallier la maison à temps, sinon on tombe sous le coup des amendes. Résultats des courses: moins de ventes et beaucoup de pertes», confie-t-il dans un entretien au téléphone avec Sputnik.
Paul T, un autre résident de Libreville, estime comme beaucoup d'autres que ces restrictions sont complètement arbitraires. Pour lui, «rien ne justifie vraiment cette décision d’instaurer un couvre-feu à partir de 18h et de laisser les gens libres de leurs mouvements le reste de la journée».
«C’est comme si le virus n’était virulent qu’à partir de 18h. On ne comprend rien. Je suis employé dans une entreprise locale et je dois produire un test Covid négatif chaque semaine. En plus, c’est à moi d’en supporter le coût. Il y a vraiment anguille sous roche!» déplore-t-il auprès de Sputnik.
Face au vent de contestation qui souffle dans ce pays d’Afrique centrale et après la dernière tragédie, Rose Christiane Ossouka Raponda, Première ministre du pays, a annoncé le 19 février des mesures d’assouplissement.
Un assouplissement qui semble-t-il ne satisfait pas les manifestants, d'autant que le couvre-feu de 18h a été maintenu. Le soir même, plusieurs villes du pays ont de nouveau bravé l’interdiction de déplacement pour manifester dans la rue, tout en faisant résonner leurs casseroles. Mais cette fois-ci, de nouvelles confrontations avec les forces de l'ordre n'ont pas été signalées.
Le Gabon compte plus de 13.500 cas de contamination et a enregistré 75 décès. Les mesures annoncées par le gouvernement le 15 février ont fait suite à la découverte du variant britannique du coronavirus dans le pays.