Décidément, c’est un dialogue de sourds entre l’Occident et l’Iran. Jeudi 18 février, Paris, Londres, Berlin et Washington se sont réunis pour discuter du dossier iranien et convenir de renouer le dialogue avec Téhéran.
🇮🇷 Washington, Londres, Paris et Berlin avertissent l'#Iran et lui demandent de revenir dans le droit chemin alors que Téhéran se prépare à de nouvelles entorses à l'accord sur le #nucléaire iranien signé en 2015.
— RFI (@RFI) February 19, 2021
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Les ministres des Affaires étrangères européens et des États-Unis ont donc affiché leur entente. Mais dans leur communiqué officiel, signé par le Français Jean-Yves Le Drian, l’Allemand Heiko Maas, le Britannique Dominic Raab et l’américain Antony Blinken, le principal objectif affirmé demeure de «voir l’Iran revenir au plein respect de ses engagements». La réponse iranienne ne s’est pas faite attendre:
«Les Européens doivent savoir que les pressions ne marchent pas avec l’Iran, et les déclarations sans valeur n’ont aucune utilité. Dès que nous verrons des gestes de la part des États-Unis et des Européens pour appliquer leurs engagements, nous réagirons immédiatement et nous reviendrons à nos engagements», a déclaré Mohammed Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères.
Cette réunion virtuelle entre les quatre partenaires occidentaux intervient à un moment plus que jamais tendu entre les deux parties. L’Iran avait averti en début de semaine qu’il mettrait fin aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) le 21 février, si les autres parties ne respectaient par leurs obligations.
Iran et Occident: qui cédera le premier?
Chaque protagoniste essaye d’accroître la pression sur l’autre afin de le contraindre à céder, estime Marc Martinez, responsable du bureau Iran à l’Institut Delma, un cabinet de conseil et d’analyse sur l’Afrique et le Moyen-Orient, basé à Abou Dhabi.
«Il y a une offensive diplomatique tous azimuts en ce moment. Des discussions directes ou par l’intermédiaire d’Oman ou du Qatar à travers la visite du chef de l’AIEA.»
Certaines lignes ont toutefois bougé. Depuis leur sortie de l’accord sur le nucléaire iranien en 2018, les États-Unis avaient durci les sanctions à l’encontre de l’Iran. L’arrivée de l’administration Biden semble donc changer la donne:
«L’Administration Biden qui, par bien des côtés, ressemble à un Obama, est une chance pour l’Iran», résume Marc Martinez avant d’expliquer: «contrairement à son prédécesseur, Biden est pour un “retour du droit” dans ce dossier, c’est-à-dire suivant le cadre légal de l’accord.»
Mais le Président américain a annoncé qu’il voudrait bien dialoguer si et seulement si l’Iran faisait le premier pas.
Tant Washington que Téhéran ont intérêt à lâcher du lest
De l’autre côté, les Iraniens renâclent à franchir ce premier pas, en raison de leur désillusion face l’accord de 2015. En effet, comme l’a récemment rappelé Amélie Myriam Chelly au micro de Sputnik, malgré le respect des clauses de l’accord par l’Iran, les sanctions n’ont pas été levées. L’Europe n’a, selon la chercheuse, pas tenu son rôle d’intermédiaire entre Washington et Téhéran, attitude que lui reproche grandement ce dernier. La méfiance est donc de mise, mais l’ombre des conservateurs plane sur le résultat des possibles négociations.
Pourtant, le temps presse pour les parties en présence. En effet, les élections présidentielles iraniennes ont lieu au mois de juin prochain. Si les conservateurs arrivent au pouvoir, il est fort à parier que les négociations «prendront plus de temps, les positions de façade se feront plus intransigeantes et les discussions seront indirectes», indique Marc Martinez. Les Européens et les Américains ont donc tout intérêt à faire un pas vers l’Iran.