Incarcéré depuis le 4 décembre 2019 en Algérie, l’activiste politique franco-algérien Rachid Nekkaz, deux fois candidat à la présidentielle (2014 et 2019), entame une grève de la faim à partir de ce vendredi 19 février pour dénoncer les conditions de son incarcération. En effet, dans un message posté sur sa page Facebook, M.Nekkaz affirme qu’il souffre d’une tumeur au niveau de la prostate, accusant les autorités judiciaires d’avoir falsifié son dossier médical à la prison de Koléa. Alors que le chef de l’État algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé jeudi 18 février une grâce présidentielle pour 60 détenus du Hirak, Rachid Nekkaz informe que ses avocats vont saisir la Cour suprême.
«Après une période de 50 jours sans médicament, sans médecin et sans consultation à l'hôpital, suivi d’un transfert illégal de la prison de Koléa près d'Alger à la prison d’El Abiodh Sidi Cheikh située à 700 kilomètres au sud-ouest d'Alger, ma maladie s’est empirée», écrit-il. «Malgré tout, j'entamerai ma grève de la faim de 29 jours, ce vendredi 19 février.»
«Mon dossier médical a bien été falsifié»
Évoquant son état de santé, M.Nekkaz explique qu’il «souffre d’une hypertrophie de la prostate qui s’est fortement développée ces derniers jours». Six «médecins ont pu confirmer ce diagnostic alarmant en réalisant mercredi 17 février sur moi toute une série d’examens médicaux en prison», expose-t-il.
Et d’ajouter que «ces médecins ont confirmé que mon dossier médical, établi lors de mon incarcération à la prison de Koléa, a bien été falsifié avec des analyses de sang "non conforme" écrites au stylo et une analyse de l'antigène prostatique spécifique (PSA) […] qui ne m’appartient pas».
Ainsi, «face à ce scandale médical, mes avocats vont de nouveau déposer une plainte auprès de la Cour suprême d'Alger ainsi que saisir le Comité des droits de l'homme de l'Onu à Genève pour non-assistance à personne en danger et abus de pouvoir», conclut-il.
Suite à la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il appelle les Algériens à s’en prendre aux députés qui s’apprêtaient alors à voter la loi sur les hydrocarbures, Rachid Nekkaz a été arrêté et placé sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach le 4 décembre 2019.
Il est poursuivi pour «atteinte à l’unité nationale», «incitation à prendre les armes», «attroupement et agression physique».
Le coup de théâtre de la présidentielle 2019
Le 3 mars 2019, à Alger, à la sortie du Conseil constitutionnel où il est supposé avoir déposé son dossier de candidature à l'élection présidentielle du 18 avril 2019, Rachid Nekkaz surprend ses militants avec une annonce: ne remplissant pas les conditions requises définies par la Constitution, il a présenté son cousin homonyme comme candidat pour le représenter à la présidentielle et il devient le directeur de campagne du nouveau présidentiable.
Coup de théâtre, Rachid nekkaz à disparu après sa sortie du conseil constitutionnel,
— Taha Bouhafs 🔻 (@T_Bouhafs) March 3, 2019
Et c’est une tout autre personne, qui, se faisant passer pour lui, se présente à la conférence de presse.
Confusion dans la salle, les journaliste s’énervent. pic.twitter.com/hEvw7Mm3Od
Dans une vidéo publiée sur Facebook, M.Nekkaz explique que «le Conseil constitutionnel a refusé de prendre son dossier» et que pour rester dans la course il a «présenté le dossier de sa photocopie et de sa roue de secours Nekkaz Rachid [son cousin, ndlr]».
Rachid Nekkaz expose ensuite «sa stratégie» et affirme que si «mon cousin est élu, on changera en l'espace d'une semaine la Constitution et on créera le poste de vice-Président que j'occuperai». «Le président élu [son cousin, ndlr] démissionnera aussitôt [et] je prendrai alors automatiquement le poste de Président», poursuit-il.
Une scène surréaliste s’est produite ce dimanche 3 mars au siège du Conseil constitutionnel. Rachid Nekkaz, qui était jusqu’à ce soir candidat à la candidature à la présidentielle d’avril 2019 est finalement le directeur de campagne d’un autre… « Rachid Nekkaz » pic.twitter.com/u4EYM92PfG
— Chadi Ardelesse (@ChadiArdelesse) March 4, 2019
Les journalistes présents au Conseil constitutionnel, et qui attendaient le candidat pour une conférence de presse, ont été stupéfaits de découvrir un autre Rachid Nekkaz que celui qui sillonnait l'Algérie depuis des semaines. Cet épisode déclenchera une vague d’indignation au sein de la population algérienne.