L’affaire des trois jeunes Tunisiens condamnés le 20 janvier à de très lourdes peines pour détention et consommation de cannabis en lieu public continue à défrayer la chronique dans le pays. En effet, dix ans après la révolution du jasmin en 2011, ils ont été jugés et condamnés à 30 ans de prison ferme conformément à la loi 52 du Code pénal en vigueur depuis 1992, soit 19 ans avant la chute de l’ex-Président Ben Ali. Le gouvernement a promis en janvier de mettre un terme à cette situation «dépassée».
En attendant l’amendement promis par l’exécutif, les avocats des trois condamnés ont introduit mardi 16 février une demande de remise en liberté conditionnelle, relate Mosaïque FM. La Cour d’appel du Kef (nord-ouest du pays) a rejeté leur demande, ont confié ces derniers au média.
Par ailleurs, la cour a fixé la date du procès en appel au 9 mars, selon les avocats.
Le 30 janvier, un groupe de jeunes Tunisiens ont fait un sit-in sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis pour dénoncer les dispositions de la loi 52 sur la consommation de stupéfiants.
Une «loi dépassée»
Lors d’un entretien accordé le 29 janvier à la chaîne 9TV, le directeur de cabinet du chef du gouvernement, Moez Lidinallah Mokaddem, s’est exprimé sur la polémique suscitée par la peine jugée excessive à laquelle ont été condamnés les trois jeunes pris en flagrant délit de consommation de cannabis dans le stade de la ville.
«La loi 52 est dépassée par les événements et nous sommes en train de travailler sur une nouvelle initiative législative dont le but est de réduire les peines privant de liberté les consommateurs de drogue, notamment les jeunes», affirme le responsable
«Une erreur de jeunesse ne doit pas détruire leur avenir»
Selon le site d’information Webdo, un groupe de députés, dont l’ancien ministre du Transport Hichem Ben Ahmed, se sont engagés à réviser la loi 52.
Des peines similaires «transforment des délinquants juvéniles en criminels endurcis» et «ôtent l’espoir à des familles entières», estimait-il.
«Cette loi trop répressive est responsable du sacrifice de l’avenir de nombreux jeunes», ajoutait-il, soulignant qu’«une erreur de jeunesse ne doit pas être une raison pour détruire leur avenir».
«Je m’engage avec d’autres collègues à présenter dans les plus brefs délais un nouveau projet de loi. J’appelle les différents acteurs de la société civile à participer à l’élaboration de ce nouveau texte qui aura pour objectif de mettre en avant la prévention et le traitement de l’addiction», concluait-il.