Les experts de l'OMS qui se sont récemment rendus à Wuhan pour enquêter sur les origines du coronavirus reprochent au New York Times d'avoir déformé leurs propos et jeté de l'ombre sur les efforts déployés pour déterminer d’où vient le virus.
Le 12 février, le New York Times a publié un article titré «Lors de la visite de l'OMS, la Chine a refusé de remettre des données importantes». Selon le journal, ces informations auraient permis de déterminer quand et comment l'épidémie a commencé, et qui seraient donc essentiels pour la prévention de prochaines pandémies.
«Déformation sélective»
Cependant, certains membres de l’équipe de l’OMS ont trouvé des incohérences dans l’article. Ainsi, le zoologiste britannique Peter Daszak dénonce sur son compte Twitter la «déformation sélective» des citations d'experts de l'OMS:
«Il est décevant de passer du temps avec des journalistes pour expliquer les principales conclusions de notre épuisant travail d'un mois en Chine, de voir les paroles de nos collègues sélectivement déformées afin de correspondre à une rhétorique qui avait été prescrite avant le début de notre travail. Honte à vous, New York Times!».
Hear! Hear! It's disappointing to spend time w/ journalists explaining key findings of our exhausting month-long work in China, to see our colleagues selectively misquoted to fit a narrative that was prescribed before the work began. Shame on you @nytimes!
— Peter Daszak (@PeterDaszak) February 13, 2021
Plutôt une expérience positive
Il assure, en revanche, que son expérience ne ressemblait en rien à celle décrite par le New York Times et qu’il a «trouvé [de] la confiance et [de] l'ouverture d’esprit» chez ses collègues.
«Nous avons obtenu l'accès à de nouvelles données critiques tout au long de la mission. Nous avons amélioré notre compréhension des voies de propagation probables», corrige-t-il sur son compte Twitter.
This was NOT my experience on @WHO mission. As lead of animal/environment working group I found trust & openness w/ my China counterparts. We DID get access to critical new data throughout. We DID increase our understanding of likely spillover pathways. https://t.co/gwGnm9pnGj
— Peter Daszak (@PeterDaszak) February 13, 2021
Thea Kolsen Fischer, une épidémiologiste danoise faisant partie de l'équipe, a rejoint M.Daszak:
«Ce n'était pas mon expérience non plus. Nous avons établi de bonnes relations au sein de l’équipe chinoise et internationale! […] Nos citations sont intentionnellement déformées, jetant de l'ombre sur des travaux scientifiques importants».
This was NOT my experience either on the Epi-side. We DID build up a good relationsship in the Chinese/Int Epi-team! Allowing for heated arguments reflects a deep level of engagement in the room. Our quotes are intendedly twisted casting shadows over important scientific work. https://t.co/elL5qrKCxk
— Thea K Fischer, Prof. i PH Virus Inf. og Epidemier (@TheaKFischer) February 13, 2021
Les médias occidentaux accusent la Chine
Côté Pékin, des experts ont regretté ces déformations par des médias occidentaux.
«Tout au long de la visite de l'équipe d'experts de l'OMS à Wuhan, l'objectif des médias occidentaux a été d’étaler leurs théories selon lesquelles la Chine est coupable d'avoir provoqué la pandémie de Covid-19 et de dissimuler des informations», déplore auprès du Global Times Zhang Yiwu, professeur à l'université de Pékin.
Suite à la mission de l’OMS à Wuhan, le patron de l'instance, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que toutes les hypothèses sur l'origine de la pandémie «rest[ai]ent sur la table». Des experts et citoyens chinois ont appelé l’OMS à lancer une mission à plus grande échelle dans le monde entier.