Un appareil de mesure russe, appelé Atmospheric Chemistry Suite, a découvert pour la première fois par des mesures directes du chlorure d’hydrogène dans l'atmosphère de Mars. Cette découverte démontre des mécanismes d'interaction entre la surface et l'atmosphère de la planète rouge inconnus des scientifiques, fait savoir le site de l’agence spatiale russe. La substance est apparue lors d'une tempête de poussière et a progressivement disparu après.
«Le fait que le chlore ait été enregistré lors d'une tempête de poussière permet de penser qu'il existe une interaction entre la surface et l'atmosphère qui n'a pas été prise en compte auparavant. On en trouve des analogues sur Terre, une confirmation indirecte a été trouvée dans les expériences en laboratoire», détaille le vice-directeur de l'Institut des études spatiales de l'Académie russe des sciences Oleg Korabyov.
Sur Terre et sur Vénus
Les chercheurs savaient jusqu'à présent que le chlorure d’hydrogène existait sur Terre et sur Vénus. Sur notre planète, il pénètre dans l'air depuis la mer, lorsque les particules de sels marins se transforment en aérosol. Sur Vénus, il se décompose dans l'atmosphère sous l'effet de la lumière solaire et devient l'un des principaux facteurs de stabilité de l'atmosphère de dioxyde de carbone.
«C'est la première fois qu’un gaz halogène est enregistré dans l'atmosphère de Mars, et il est témoin d'un cycle chimique tout nouveau que nous devons comprendre», a observé Kevin Olsen, professeur à l'université d'Oxford.
L’origine du composé est inconnue
Les scientifiques cherchent maintenant à comprendre d'où vient le chlorure d’hydrogène et où il disparaît après les tempêtes de poussière. L'hypothèse de l'arrivée de la substance est celle des processus volcaniques, mais il n'a pas encore été possible de trouver de lien entre les apparitions du composé et la sismologie sur Mars. S’il y avait un lien, l'augmentation de la concentration de gaz doit correspondre aux événements sismiques de Mars, ce que les scientifiques n'ont pas encore remarqué.
«En outre, une coïncidence entre le début et la fin des tempêtes de poussière suggère que la source de chlore se trouve quand-même à la surface», indique l’agence spatiale russe.
Le mécanisme de la transformation du chlorure d’hydrogène des minéraux martiens en chlore gazeux n'est pas encore clair, comme la réponse à la question de savoir où le chlore disparaît après une tempête de poussière.
Le programme ExoMars
Le spectromètre russe se trouve à bord de la sonde interplanétaire Trace Gas Orbiter dans le cadre du programme ExoMars. Il regroupe deux missions spatiales à destination de la planète Mars développées par l'Agence spatiale européenne avec une participation importante de Roscosmos.