Le déroulement de l’opération Barkhane a été examiné par le Sénat français en présence des ministres des Affaires étrangères et des Armées qui se sont félicités de l’engagement de la France et de ses alliés dans la région.
Le ministre des Affaires étrangères a rappelé la création du G5 Sahel en 2014 et de l’Alliance Sahel en 2017, le lancement du Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel (P3S) en 2019, ainsi que la mise en place de la Coalition pour le Sahel en 2020, qualifiant ces étapes de «jalons décisifs pour l'internationalisation de la lutte contre le terrorisme».
«Barkhane a été le socle sur lequel ce vaste dispositif s'est construit», a-t-il souligné.
Revenant sur l’engagement de la France dans les opérations Serval puis Barkhane, il a expliqué que la décision de les lancer résultait de la situation du Mali en 2012 après le coup d'État dans le pays et l'apparition d'Al-Qaïda* qui faisait planer la menace de «la constitution d'un sanctuaire djihadiste d'où pourraient être projetées des attaques».
Évoquant la sécurité du Sahel, il a noté que celle-ci conditionnait la sécurité des Européens et a évoqué les efforts internationaux, notamment «la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)».
Il a en outre rappelé la mise en place, en 2017, de l'Alliance Sahel qui regroupe 24 partenaires et supervise 870 projets pour un montant total de 20 milliards d'euros. Depuis cinq ans, la France a augmenté son aide publique au développement en direction du Sahel de plus de 30%, a ajouté le ministre.
Toutefois, les «succès militaires ne pourront rétablir la paix à eux seuls», a-t-il fait remarquer.
«La résolution sera politique», a-t-il affirmé.
«Barkhane n'est pas éternelle»
Florence Parly, la ministre des Armées, a repris l’idée de son collègue, soulignant que la France avait répondu à l’appel du Mali «pour stopper des djihadistes».
«Nous ne voulons pas que le Sahel devienne un sanctuaire terroriste, où se préparent des attentats contre l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest voire l'Europe».
Elle a rappelé les problèmes rencontrés par les militaires français dans la région. Ainsi, 300 membres des forces de sécurité ont été tués en six mois en 2019. Depuis un an, 100 policiers et militaires sont morts dans la région du Liptako. Mais depuis janvier 2020, aucune attaque d'ampleur n'a été commise.
«Nous avons neutralisé le numéro un d'Al-Qaïda* dans la région ainsi que des cadres de cette organisation», a-t-elle affirmé.
Florence Parly a rappelé elle aussi l’engagement international européen et mis en relief le souhait des pays de la région de voir la France y rester.
«Barkhane n'est pas éternelle, mais, à court terme, nous allons rester, ce qui n'empêche pas des évolutions. Les pays sahéliens veulent que nous restions», a-t-elle affirmé pour conclure.
La stratégie au Sahel reste une priorité contre Daech* et Al-Qaïda*, a-t-elle noté pour conclure.
Sommet sur le Sahel
La France et ses partenaires du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) doivent se retrouver les 15 et 16 février, un an après le sommet de Pau en France, alors que la force antidjihadiste Barkhane revendique des succès tactiques mais que les attaques se multiplient dans la région. Il devront notamment aborder la situation sécuritaire face aux groupes djihadistes, un possible redimensionnement de la force française et l'aspect politique de la crise régionale.
*Organisation terroriste interdite en Russie