Qui de Mohamed Bazoum et de Mahamane Ousmane sera le nouveau locataire du palais présidentiel de Niamey? Le premier, défini comme un sécurocrate depuis son mandat accompli à la tête du ministère de l’Intérieur, bénéficie de l’onction du Président sortant Issoufou Mahamadou, dont il est le dauphin. À ce titre, et aux yeux des électeurs, il en assume le bilan personnel à la tête du pays ainsi que celui du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir). De l’autre côté, Mahamane Ousmane est le candidat du Renouveau démocratique et républicain (RDR, opposition). C’est un ancien Président et de ce fait, un candidat du passé mais qui n’incarne pas moins la rupture.
En quête d’alliances
Mahamane Ousmane et son équipe de campagne ont opté pour Tillabéri, dans le sud-ouest du pays, pour lancer «la mobilisation pour la victoire finale»! Le choix de cette zone est stratégique pour l’opposition, c’est là que des attaques terroristes ont causé la mort, début janvier, de plus de 105 civils et provoqué des milliers de déplacés.
L’ancien Président du Niger a réaffirmé dans son discours cité par Lesahel, un média local en ligne, sa détermination à «juguler l’insécurité et le terrorisme sous toutes ses formes» dans l’intérêt de toute la nation nigérienne une fois qu’il reviendrait au pouvoir.
Militantes, militants, sympathisantes et sympathisant du RDR-Tchanji, mes cher(e)s camarades,
— Mahamane Ousmane (@MahamnOusmane) February 7, 2021
Notre intervention aujourd’hui lors du lancement de la campagne du second tour des élections présidentielles à Tillaberi. #Niger https://t.co/rp5pMoAg6u
Le camp Bazoum a choisi quant à lui le Centre international de conférences Mahatma Gandhi de Niamey pour donner le coup d’envoi de sa campagne. «Le défi, c’est de nous mettre ensemble et de travailler dans une synergie très forte, je sais que je peux compter, à cet effet, sur la perspicacité et l’engagement des leaders», affirmait Mohamed Bazoum, cité par Actuniger, un site local d’information.
Cérémonie de lancement de la campagne éléctorale pour les élections présidentielles 2ème tour du 21 Février 2021
— Mohamed Bazoum (@mohamedbazoum) February 7, 2021
COALITION #BAZOUM2021 ET ALLIÉS
Les moments forts en images 👇 pic.twitter.com/Ln6T87wmHZ
Cette «synergie très forte» dont se prévaut le dauphin désigné du Président sortant Mahamadou Issoufou puise sa source dans le soutien qu’il a reçu de onze candidats au premier tour qui avaient alors totalisé 26,51% des suffrages exprimés.
Un avantage numérique à Mohamed Bazoum. Son adversaire de l’opposition Mahamane Ousmane n’a bénéficié, lui, que du ralliement de cinq candidats totalisant de leur côté quelque 10,67% des voix.
«Le report des voix n’est pas automatique»
Le résultat de cette addition sonne déjà comme une victoire pour le camp du parti au pouvoir. Foli Dométo Foly, chef des départements des Sciences juridiques et politiques de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest abonde dans le même sens. Interrogé par Sputnik, il affirme que ces ralliements prouvent que le triomphe de Mohamed Bazoum sera sans appel.
«Ses chances de gagner sont plus que renforcées. À la base, il y avait 20 points de différence entre lui et son challengeur. Son parti est le mieux implanté de tout le pays, comme le prouvent d’ailleurs ses 50% de députés à l’Assemblée nationale. Avec le ralliement des troisième et quatrième candidats, et même si le report des voix n’est pas automatique, la chance est du côté de Mohamed Bazoum», a indiqué Foli Dométo Foly.
Issoufou Yahaya, enseignant d’histoire et des sciences politiques à l’université Abdou Moumouni de Niamey au Niger, est plus nuancé. Interrogé par Sputnik, il affirme qu’il suffit à l’opposition de mieux mobiliser dans les zones nomades, qui ont été favorables au candidat du parti au pouvoir lors du premier tour, et dans les territoires urbains, où de nombreux citoyens nigériens ne sont pas allés voter, pour renverser l’équilibre et même gagner le scrutin
Pour l’heure, la campagne se déroule dans le calme, à l’image de tout le processus électoral d’ailleurs. Un processus suivi de près par toute la sous-région ouest-africaine qui voudrait voir l’expérience démocratique se consolider dans ce pays qui a connu de nombreux coups d’État depuis son indépendance le 18 décembre 1958.
Mahamane Ousmane, qui tente à nouveau de retrouver le fauteuil présidentiel dans un face-à-face avec Mohamed Bazoun, a été victime de l’un de ces putschs trois ans seulement après son élection en 1996. Il était le premier chef d’État démocratiquement élu du Niger en 1993.
Mahamadou Issoufou, arrivé au pouvoir en 2011, est donc jusqu’à présent le seul Président du Niger à parvenir au terme de son mandat. Et il est aussi le tout premier civil de l’histoire politique du pays à préparer une transmission à un autre civil depuis l’indépendance nationale.