Ce 9 février, des salariés de la raffinerie de Grandpuits ont organisé une action de contestation au pied du siège de Total. La suite logique des nombreuses opérations coups de poing et blocages contre le projet qui prévoit une reconversion centrée sur la production de biocarburants et de bioplastiques et qui –accessoirement– menace quelque 700 emplois.
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Malgré cinq semaines de grève «dans la fatigue, sous la pluie, dans le froid et la neige» qui commencent à se faire sentir, Adrien Cornet, délégué CGT à la raffinerie de Grandpuits, affirme que les contestataires «ne lâcheront rien de leurs demandes légitimes.»
«Total reste dogmatique et fermé sur l’emploi, bien que l’on ait trouvé beaucoup de failles aux termes de sécurité et de maintenance dans le futur projet», affirme-t-il au micro de Sputnik.
Excédé par la position rigide de la direction et par l’absence de résultats de leurs précédentes actions, le syndicaliste est déterminé à «ne rien lâcher» et à faire de la vie du patronat de Total «un cauchemar». Le gréviste se félicite également que des mouvements écologistes se soient associés à leur contestation, puisque «dès le début», il soulignait que «la réduction des capacités de Grandpuits allait aggraver les conditions écologiques.»
Faire de la vie du patronat de Total «un cauchemar»
La CGT reste en première ligne du mouvement des salariés de la raffinerie, qui multiplient les actions contre le projet de reconversion du site en plateforme «zéro pétrole» d’ici 2024. Le syndicat a pris part aux discussions en amont de la grève «pour annoncer à l’administration que l’on ne se résignait pas à la suppression d’emplois.»
🗨️ Philippe Martinez: «La démonstration que les salariés font, c'est qu'il n'y a pas de fatalité, il y a des solutions, après les solutions, c'est des choix politiques [...] Soit on continue à sacrifier l'emploi, soit on travaille à des projets alternatifs» pic.twitter.com/mtPrYt4EzY
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«On a voulu prouver qu’il y a un avenir pour ce site. La CGT tient à montrer que le social et l’environnemental, ça marche ensemble», souligne Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, au micro de Sputnik.
Malgré le fait que Total continue à faire la sourde oreille aux réclamations de ses salariés, le syndicaliste reste persuadé qu’«il n’y a pas de fatalité, il y a des solutions.»
«Le Covid n’a rien à faire là-dedans. Soit on continue à sacrifier l’emploi, soit on travaille à des projets alternatifs. L’avenir appartient à ceux qui pensent à leur planète, plutôt qu’à ceux qui ne pensent qu’à leurs profits», martèle le leader syndicaliste.
Qualifiant le rassemblement de ce 9 février à la Défense d’«exemplaire», Philippe Martinez rappelle d’autres actions «des salariés non résignés» de plusieurs sites, à l’image du mouvement de blocages de l’hiver dernier.
Le projet de Total n’est pas «vert»
Depuis quelques mois, l’action des salariés de la raffinerie est soutenue par plusieurs mouvements écologistes, tels que Les Amis de la Terre, Greenpeace et Action non violente COP21. Déjà connus pour leurs blocages des tours des entreprises Total, EDF, ainsi que du ministère de la Transition écologique et solidaire, il y a deux ans, les écologistes dénoncent «le désir [de Total, ndlr] de masquer la casse sociale.»
.@Cecile_Mcd sur la présence des organisations écolos aux côtés des #raffineurs:
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🗨️ «Utiliser un discours sur une pseudo-transition écologique pour justifier la destruction de 700 emplois, c'est non seulement hypocrite mais c'est aussi irresponsable»@amisdelaterre pic.twitter.com/e3MXF8A39w
«Utiliser un discours de “transition écologique” pour justifier la destruction de 700 emplois, est hypocrite et irresponsable. Le projet de Total n’est ni socialement responsable ni vert», dénonce Cécile, la porte-parole des amis de la Terre, au micro de Sputnik.
Pour l’activiste, «Total n’est pas un acteur de la transition écologique». Devant «la tour dorée où les patrons se sont enfermés», ses camarades d’armes luttent contre le géant pétrolier à coup d’affiches représentant des visages de salariés de Grandpuits. Ainsi, ils souhaitent pointer du doigt l’«opposition entre les sept milliards de dividendes que Total a versés en 2020 et la suppression des emplois» annoncée.