La situation sanitaire en France était au centre de l’interview que Jean Castex a accordée à Ouest-France jeudi 4 février, huit mois jour pour jour après sa nomination à Matignon.
«L’épidémie a marqué le pas ces derniers jours», souligne d’entrée de jeu le Premier ministre, invoquant les efforts et les mesures mises en place collectivement depuis plusieurs semaines pour expliquer la décision de ne pas reconfiner.
«Un nouveau confinement supposerait que les choses se dégradent fort. C’est une réponse de dernier recours, parce que si nous en connaissons les effets pour freiner l’épidémie, nous en connaissons aussi le coût social, humain et même sanitaire parfois. J’ai la conviction que nous pouvons encore l’éviter.»
Même si les «hôpitaux ont fait des progrès considérables» et «des malades qui auraient été hospitalisés l’an dernier peuvent être maintenus à domicile aujourd’hui», le média lui a demandé s’il était nécessaire d’augmenter le nombre de lits en réanimation.
«J’entends parfois cette question, mais il ne suffit pas d’acheter des lits chez Ikea pour ouvrir des places en réanimation! Augmenter les capacités hospitalières, c’est avant tout former des anesthésistes et des infirmières spécialisées et c’est cela qui prend du temps. On a pris le mal à la racine en supprimant le numerus clausus, mais il faut dix ans pour former un médecin. Nous avons aussi su presque doubler les places de réanimation en cas de crise aiguë», avance-t-il.
Un système de santé solide
Et de poursuivre: «Enfin, vous posez une question structurelle: faut-il dimensionner les services, notamment ceux de réanimation, en fonction d’une crise qui survient une fois par siècle? Je ne le crois pas, même si nous avons engagé un effort sans précédent de soutien à nos hôpitaux».
Interrogé sur la nécessité de revoir l’organisation du système de santé, Jean Castex rappelle qu’il est «très solide», que tout le monde est soigné sans rien payer ou presque et avec «les plus hautes technologies».
Rester pragmatique et tirer les leçons
«Mais il faut toujours rester pragmatique et tirer les leçons d’une crise. Si des réformes doivent être engagées, elles le seront», assure-t-il.
Soutenant que toutes les personnes souhaitant se faire vacciner auront cette possibilité avant la fin de l’été, M.Castex s’est félicité des «très fortes» mesures d’accompagnement des entreprises pour traverser la crise.
«Je veux les rassurer : il n’y aura pas d’oubliés. Je comprends l’impatience mais je demande simplement à tous ceux qui n’arrivent pas à obtenir un rendez-vous tout de suite de faire preuve d’un peu de patience», a souligné le responsable.
«Nous n’avons pas à rougir de ce qui a été fait», affirme-t-il, prévenant qu’«il faudra rester très vigilant sur ce qui va se passer après la crise, quand les aides exceptionnelles s’arrêteront».