Qualifié en août dernier d’«effet d’annonce politique» par certains spécialistes français, le vaccin russe Spoutnik V fait tout de même son chemin. Une vingtaine de pays l’ont adopté. Certains ont même entrepris de le produire sur leur sol.
Emmanuel Macron a, pour sa part, entrouvert la porte à une utilisation en France du vaccin russe, qui repose sur un adénovirus recombinant. Un principe différent de l’ARN messager employé par Moderna ou Pfizer/BioNTech.
Le comité scientifique a formulé ses recommandations
On est encore loin d’exaucer le désir des communistes français de faire des vaccins contre le Covid-19 «des biens communs de l’humanité». Mais Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a déclaré qu’«on ne regarde pas la nationalité» d’un vaccin. Voilà qui donne de l’espoir aux Français qui redoutent de voir la campagne de vaccination s’enliser dans la pénurie.
Sans pouvoir «divulguer les détails des conversations ou d'autres activités de pré-soumission […] confidentielles», le régulateur européen a confirmé à Sputnik l’information du média russe RBK qui a mentionné une rencontre sur le vaccin russe fin janvier dans les locaux de l’EMA. Plus de vingt experts et scientifiques internationaux ont participé à la réunion dans le cadre d’une consultation scientifique pour le Fonds d’investissement direct russe, chargé de l’exportation de Spoutnik V.
«Le développeur de Spoutnik V a soumis à ce stade une demande d'avis scientifique à l'agence. Le processus d'avis scientifique est un processus bien établi à l'EMA, accessible à toutes les entreprises pour faciliter la préparation de leur programme de développement. L'EMA fournira des conseils aux entreprises en tenant compte des dernières orientations réglementaires et scientifiques. Dans un second temps, la demande d'autorisation de mise sur le marché pourra être préparée par l'entreprise», explique l’EMA pour Sputnik.
L’agence recommande de «consulter de temps à autre» ses mises à jour sur les médicaments et les vaccins pour le COVID-19 pour savoir lesquels sont en cours d’examen.
Pendant que le Fonds d’investissement direct russe poursuit ses échanges avec l’EMA en vue d’établir «son plan de développement et son engagement futur», certains pays de l’UE traitent la question directement avec la Russie.
La Hongrie se passe de l’autorisation européenne
Vacciné contre les atermoiements bruxellois, Viktor Orban n’a pas attendu d’autorisation de l’EMA. Comme l’a annoncé sur son compte Facebook Péter Szijjártó, ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, son pays a déjà réceptionné 40.000 doses de Spoutnik V. La Hongrie est le premier pays de l'Union européenne à recevoir le vaccin russe.
En totale rupture avec le centralisme à l’européenne, la Hongrie a misé non seulement sur le vaccin russe, mais aussi sur l’israélien et le chinois. Le but? Accélérer la vaccination de ses 9,7 millions d'habitants. Le pays attend deux millions de doses de Spoutnik V d'ici à trois mois.
Entre-temps, le chef du Fonds d’investissement direct russe, Kirill Dmitriev, a annoncé dans un entretien à Sky News que le coût du vaccin russe pour les pays étrangers sera de l’ordre de 10 dollars (8,3 euros): «Nous n’en aurons pas de gros bénéfices. Nous comptons simplement rentrer dans nos frais.»