«Dans le cadre de la finalisation de cette mesure, la Commission veillera à ce que le protocole Irlande/Irlande du Nord ne soit pas affecté», a fini par déclarer l’exécutif européen dans un communiqué, faisant ainsi volte-face sur l’intention d’inclure l’Irlande du Nord dans ses contrôles d’exportations de vaccins annoncés plus tôt vendredi et qui a provoqué l’indignation de Londres.
Une décision qui aurait rétabli la frontière irlandaise
Commentant la situation, le ministre d’État britannique Michael Gove a déclaré qu’il pensait que «l’UE a[vait] réalisé avoir commis une erreur en usant de l’article 16 [du Protocole nord-irlandais associé à l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’UE, ndlr], ce qui aurait signifié l’émergence d’une frontière [entre les Irlande, ndlr]. Mais l’UE a reculé, et ce après des discussions franches entre le Premier ministre [Boris Johnson, ndlr] avec la présidente de la Commission européenne et entre moi-même et son vice-président».
La guerre des vaccins à l’origine
À l’origine de la situation qui a débouché sur une levée de boucliers à Dublin, Londres et Belfast, les retards de livraison du vaccin du groupe pharmaceutique AstraZeneca, ou plutôt son absence, une fois l’approvisionnement du Royaume-Uni effectué. Or, cela s’explique par le fait que le Royaume-Uni jouissait de la priorité, car il avait passé commande plusieurs mois avant l’UE.
Dans la nuit de vendredi à samedi, à l’issue de négociations «constructives» avec Boris Johnson, Ursula von der Leyen a annoncé sur Twitter qu’ils avaient convenu qu’il ne devait pas y avoir de restrictions sur les exportations de vaccins par les sociétés qui remplissent leurs contrats.
Constructive talks with Prime Minister @BorisJohnson tonight.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) January 29, 2021
We agreed on the principle that there should not be restrictions on the export of vaccines by companies where they are fulfilling contractual responsibilities.
L’ire de l’Irlande du Nord
Dans la foulée, la Première ministre d’Irlande du Nord, Arlene Foster, a exigé que l’accord conclu dans le cadre du Brexit soit remplacé, car, selon elle, il a démontré qu’il était «inapplicable».
«Il doit être remplacé, sinon il y aura de vraies difficultés ici en Irlande du Nord», a-t-elle déclaré sur la BBC.
Ursula von der Leyen montrée du doigt
«Cela fait quatre ans qu’il [Michel Barnier, ndlr] se bat pour éviter de réveiller le prurit irlandais, quatre ans qu’il répète que l’UE est la garante de l’accord de paix du Vendredi saint et qu’il ne faut en aucun cas rétablir une frontière entre les deux parties de l’Irlande. Et voilà qu’à la première bourrasque, Ursula von der Leyen déclenche une crise diplomatique incroyable en défaisant ce patient travail de rafistolage des liens entre les deux Irlande pour lequel l’Europe œuvre depuis 1998», fustige l’article intitulé UE: l’incroyable bourde d’Ursula von der Leyen, paru dans les pages du Point.
On y note que, selon les informations dont le magazine dispose, l’idée de déclencher l’article 16 revient à la chef de cabinet adjointe Stéphanie Riso. Toutefois, est-il souligné, en politique la responsabilité «repose sur les seules épaules de la présidente de la Commission».
«Dans un régime parlementaire à la néerlandaise, elle aurait présenté sa démission», estiment certains à la Commission.