«La situation est particulièrement alarmante», reconnaît sans ambages Isaïe Djrolo. Ce manager général chargé de la cybercriminalité à l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'informations du Bénin (ANSSI) décrit une arnaque méconnue des Béninois. Pourtant, des aigrefins s’y adonnent depuis quelques années. «Les victimes se comptent déjà par centaines, voire par milliers», confie-t-il à Sputnik.
Pour encourager les citoyens à briser le mur du silence et les aider à traquer leurs bourreaux, l’ANSSI et l’OCRC ont lancé, depuis la mi-janvier, cette campagne d’information. À la clé, des communications dans les médias publics comme privés, mais également des messages de sensibilisation sur les réseaux sociaux ou encore des séminaires en ligne. À l’exemple du webinaire (séminaire virtuel) programmé pour ce 28 janvier 2021.
La #Sextorsion, parlons-en.
— ANSSI-Bénin (@Anssi_Benin) January 24, 2021
Participez, le jeudi 28/01/2021 de 16h à 17h (heure d’Afrique de l'ouest), au webinaire organisé par L'ANSSI sur le thème : LA NOUVELLE FORME D’ARNAQUE : SEXTORSION. 👉🏾https://t.co/ltsYjEvN7f
Prenez dès maintenant le rendez-vous. pic.twitter.com/2sKgOaoRiT
Ici, la convocation du webinaire pour lequel des centaines de participants sont déjà enregistrés selon les organisateurs.
«Souvent, le crime de sextorsion est caché. C'est un crime silencieux. Avec ce webinaire, nous avons aidé à mettre en lumière ce méfait. Ensemble, nous travaillons pour rendre notre monde plus sûr et protéger les plus vulnérables», avait-elle déclaré, citée par le site de l’agence des Nations unies sur la cybercriminalité.
Prévenir et traquer!
La campagne des deux organisations étatiques béninoises vise un public qui ignore tout de cette pratique illicite. Elle explique en détail le mode opératoire des délinquants. Un compte est piraté. Des images sont soustraites. Le chantage commence. Les menaces, la peur du scandale font le reste. La victime capitule souvent. Seulement, c’est loin d’être la fin du cauchemar!
«Dans la plupart des cas, lorsque les victimes paient pour tourner la page, elles constatent que c’est plutôt la porte ouverte à d’autres chantages. C’est-à-dire que ces escrocs viennent et reviennent encore avec les mêmes menaces, leur rendant la vie impossible», précise à Sputnik Isaïe Djrolo.
Les initiateurs de la campagne adressent aux utilisateurs des consignes claires: «Évitez de vous mettre en situation compromettante sur les réseaux sociaux, même si vous pensez être en privé; évitez de partager des images ou des vidéos intimes», conseillent l’ANSSI et l’OCRC sur les réseaux sociaux.
La #sextorsion, cette forme d'arnaque qui fait de plus en plus de victimes au #Benin et dans la sous région. L’ANSSI et l’OCRC en parlent à travers quelques recommandations. pic.twitter.com/2gXshIsFCN
— OCRC-BENIN (@ocrc_benin) January 13, 2021
«Notre objectif est double», affirme notre interlocuteur.
«D’abord, donner la possibilité aux Béninois de s’informer suffisamment sur cette forme d’arnaque, dans un souci de prévention, puisqu’il y a clairement un manque d’information sur le sujet. Ensuite, informer les citoyens sur les voies de recours disponibles quand le mal est fait. Et là, plus on a l’information tôt, plus on a de chances d’arrêter les maîtres-chanteurs.»
Des débuts prometteurs
Cette campagne d’information se déroule conformément à la stratégie nationale de sécurité numérique que le pays a adoptée en juin 2020. Les premiers résultats sont plutôt encourageants, se félicite Isaïe Djrolo.
«Il y a d’autres réseaux. Et nous comptons sur la collaboration des victimes», affirme le responsable de l’ANSSI.