«Alerte sextorsion», le Bénin passe à l’attaque contre «un crime silencieux»

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La sextorsion est un chantage sordide perpétré sur les réseaux sociaux. Cette délinquance prospère au Bénin. Elle a déjà fait jusqu’à des milliers de victimes. À Cotonou, la plus grande ville du pays, la police vient de démanteler un réseau. Les autorités ont décidé de communiquer pour arrêter l’hémorragie

«La situation est particulièrement alarmante», reconnaît sans ambages Isaïe Djrolo. Ce manager général chargé de la cybercriminalité à l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'informations du Bénin (ANSSI) décrit une arnaque méconnue des Béninois. Pourtant, des aigrefins s’y adonnent depuis quelques années. «Les victimes se comptent déjà par centaines, voire par milliers», confie-t-il à Sputnik.

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Son organisme, l’ANSSI, et une autre entité étatique, l'Office central de répression de la cybercriminalité (OCRC) ont tiré la sonnette d’alarme sous le hashtag #Alertesextorsion.
Pour encourager les citoyens à briser le mur du silence et les aider à traquer leurs bourreaux, l’ANSSI et l’OCRC ont lancé, depuis la mi-janvier, cette campagne d’information. À la clé, des communications dans les médias publics comme privés, mais également des messages de sensibilisation sur les réseaux sociaux ou encore des séminaires en ligne. À l’exemple du webinaire (séminaire virtuel) programmé pour ce 28 janvier 2021.

Ici, la convocation du webinaire pour lequel des centaines de participants sont déjà enregistrés selon les organisateurs.

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Une initiative qui s’inspire de bien d’autres, organisées ces derniers temps dans la sous-région ouest-africaine, pour lever le voile sur ce crime. Comme au Sénégal, en septembre 2020 quand le Programme mondial sur la cybercriminalité de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Centre international pour les enfants disparus et exploités (ICMEC) ont coorganisé un webinaire public sur le sujet, avec la participation de Carmen Corbin, conseillère en lutte contre la cybercriminalité au programme mondial sur la cybercriminalité de l'ONUDC.

«Souvent, le crime de sextorsion est caché. C'est un crime silencieux. Avec ce webinaire, nous avons aidé à mettre en lumière ce méfait. Ensemble, nous travaillons pour rendre notre monde plus sûr et protéger les plus vulnérables», avait-elle déclaré, citée par le site de l’agence des Nations unies sur la cybercriminalité.

Prévenir et traquer!

La campagne des deux organisations étatiques béninoises vise un public qui ignore tout de cette pratique illicite. Elle explique en détail le mode opératoire des délinquants. Un compte est piraté. Des images sont soustraites. Le chantage commence. Les menaces, la peur du scandale font le reste. La victime capitule souvent. Seulement, c’est loin d’être la fin du cauchemar!

«Dans la plupart des cas, lorsque les victimes paient pour tourner la page, elles constatent que c’est plutôt la porte ouverte à d’autres chantages. C’est-à-dire que ces escrocs viennent et reviennent encore avec les mêmes menaces, leur rendant la vie impossible», précise à Sputnik Isaïe Djrolo.

Les initiateurs de la campagne adressent aux utilisateurs des consignes claires: «Évitez de vous mettre en situation compromettante sur les réseaux sociaux, même si vous pensez être en privé; évitez de partager des images ou des vidéos intimes», conseillent l’ANSSI et l’OCRC sur les réseaux sociaux.

​ «Notre objectif est double», affirme notre interlocuteur.

«D’abord, donner la possibilité aux Béninois de s’informer suffisamment sur cette forme d’arnaque, dans un souci de prévention, puisqu’il y a clairement un manque d’information sur le sujet. Ensuite, informer les citoyens sur les voies de recours disponibles quand le mal est fait. Et là, plus on a l’information tôt, plus on a de chances d’arrêter les maîtres-chanteurs.»

Des débuts prometteurs

Cette campagne d’information se déroule conformément à la stratégie nationale de sécurité numérique que le pays a adoptée en juin 2020. Les premiers résultats sont plutôt encourageants, se félicite Isaïe Djrolo.

Une plainte récente a permis, par exemple, à la police de démanteler un réseau d’une demi-douzaine d’escrocs à Cotonou le 21 janvier.
«Il y a d’autres réseaux. Et nous comptons sur la collaboration des victimes», affirme le responsable de l’ANSSI.
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