Lors de l’entrée de fonctions d’un nouveau Président américain, son discours d’investiture donne généralement le ton pour les quatre années suivantes. Ainsi, celui de Trump en janvier 2017 avait-il été court, seulement seize minutes, amer et violent. Il n’avait pas mâché ses mots sur l’état du pays, qu’il avait apparemment trouvé déprimant.
Joe Biden a hérité d’une crise majeure avec la pandémie de Covid-19 et les retombées économiques qui en résultent, sans parler d’un pays extrêmement divisé, qui semble parfois au bord de la guerre civile. C’est dans ce contexte que des milliers de soldats de la Garde nationale ont sécurisé Washington pour son investiture, à la suite de l’assaut contre le Capitole au début du mois par des radicaux pro-Trump, qui souhaitaient à tout prix empêcher que Biden soit proclamé Président.
«Tous les rhétoriciens qui travaillent sur la fabrication des discours aux États-Unis savent qu’il faut toujours faire appel, dans tout discours important, à ce que l’on appelle les "valeurs cœur" américaines. Ce sont des éléments de langage qui doivent obligatoirement apparaître dans un discours. Il y en a dix.»
L’expert en rhétorique établit ensuite des comparaisons entre le discours du 46e Président des États-Unis et ceux de ces prédécesseurs. Un exercice qui ne tourne pas à l’avantage de Joe Biden.
«Si on compare le discours d’adieux de Trump et son discours inaugural, on retrouve les dix mêmes éléments. Alors, tout l’art, c’est de moduler la manière dont on les arrange dans le discours. Obama, lui, les arrangeait en faisant de très grandes phrases […] Biden, vous avez remarqué, ne sait pas faire de phrases. C’est une liste de points, même sans verbe.»