Le Royaume-Uni vend des armes à environ 80% des pays figurant sur sa liste noire

CC BY 2.0 / Victor / British poundsLivres sterling britanniques
Livres sterling britanniques - Sputnik Afrique
S'abonner
Le Royaume-Uni a approuvé les exportations d’équipements militaires vers 80% des pays présents sur sa propre liste d’embargo, de sanctions ou de restrictions commerciales en un peu plus de cinq ans, révèle une analyse.

Des hauts responsables britanniques ont approuvé la vente d’armes à 80% des pays soumis à des embargos, des sanctions commerciales ou autres restrictions au cours des cinq dernières années, selon une analyse du groupe Action on Armed Violence.

Ventes à 58 des 73 pays de la liste

Entre janvier 2015 et juin 2020, le Royaume-Uni a exporté du matériel militaire vers 58 pays sur les 73 soumis à des restrictions du Département du commerce international (DIT), notamment des fusils de précision au Pakistan, des fusils d’assaut au Kenya et du matériel naval en Chine.

Plus de 4.800 licences ont été approuvées au cours de cette période pour quelque 2,6 milliards de livres (2,94 milliards d’euros) d’exportations à usage militaire. Une majorité (69%) de ces licences concernait l’exportation d’engins très chers tels que des avions, des hélicoptères et des drones.

Les exportations sont légales, mais les membres du groupe Action on Armed Violence ont expliqué qu’elles représentaient «un échec systémique à tenir compte du bilan des États en matière de droits humains avant de leur envoyer des armes».

«Certains sont soumis à des embargos spécifiques de l’Onu ou de l’UE, comme la Libye, la Biélorussie et la Chine. D’autres font l’objet de restrictions régionales, comme la Convention sur l’embargo sur les armes légères et de petit calibre signée par la Communauté économique des 15 États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Quelques-uns sont spécifiques au Royaume-Uni, par exemple l’interdiction de toute exportation à l’armée argentine. Dans tous les cas, l’inscription sur la liste de ces 73 pays témoigne de la méfiance du gouvernement britannique à l’égard de la situation sécuritaire ou des droits de l’Homme dans ceux-ci», souligne le rapport.

«Une ligne très fine» 

14 pays figurent également dans la liste «Human rights priority countries» du Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth. «La ligne entre le Royaume-Uni condamnant un pays pour ses violations des droits de l’Homme et courtisant ce pays pour le commerce des armes est très fine: cinq des pays prioritaires du Royaume-Uni en matière de droits de l’Homme figurent dans le répertoire des “marchés clés” du DIT pour les ventes d’armes potentielles (Bahreïn, Bangladesh, Colombie, Égypte et Arabie saoudite)», dénoncent les spécialistes.

La vente de 3.000 fusils d’assaut au Kenya pour 9,45 millions de livres sterling a été autorisée en 2017, bien que les forces de sécurité de ce pays aient été accusées par Amnesty International l’année précédente d’avoir perpétré «des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires et des tortures en toute impunité, tuant au moins 122 personnes.»

L’auteur du rapport, Murray Jones, d’Action on Armed Violence, a déclaré que son travail d’analyse des registres d’exportations du Royaume-Uni entre janvier 2015 et juin 2020 «démontre la fragilité de l’engagement du Royaume-Uni en faveur des droits de l’Homme à l’étranger».

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала