Bouteflika aurait été lâché par son frère Saïd, qui l’accuserait dans une affaire de corruption

© AFP 2023 FAROUK BATICHESaïd Bouteflika
Saïd Bouteflika  - Sputnik Afrique
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«L’annulation des mandats d’arrêt internationaux émis contre les membres de la famille de Chakib Khalil était un ordre du Président de la République Abdelaziz Bouteflika», a affirmé Saïd Bouteflika devant le juge d’instruction, selon El Khabar.

Coup de tonnerre dans l’affaire de corruption Sonatrach II, impliquant l’ancien ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Chakib Khelil, sa femme et ses deux fils. En effet, selon des sources judiciaires citées par le journal El Khabar, le frère cadet et conseiller de l’ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika, Saïd, a enfoncé son frère lors de son interrogatoire sur l’annulation des mandats d’arrêt internationaux émis par la justice algérienne contre la femme et les deux enfants de M.Khelil en août 2013.

Selon lui, c’est «le Président lui-même qui a ordonné cette annulation» à son ministre de la Justice de l’époque, Tayeb Louh, actuellement en prison pour d’autres affaires de corruption. Ainsi, l’étau se resserre sérieusement autour de l’ex-chef de l’État qui a déjà été accusé par ses deux Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, et d’autres membres de leurs gouvernements lors de leurs procès respectifs concernant des affaires de corruption. Depuis des mois, des voix s’élèvent, appelant à juger Abdelaziz Bouteflika pour les faits qui lui sont reprochés.

A-t-il lâché son frère pour sauver sa peau?

El Khabar indique que les enquêtes ont révélé que «Saïd Bouteflika, Tayeb Louh et Chakib Khelil étaient en contact les uns avec les autres et préparaient l’entrée des membres de la famille de ce dernier en Algérie en empêchant l’application des mandats d’arrêt internationaux, ce qui s’est effectivement passé».

Interrogé par le juge sur son implication dans le montage de cette affaire au vu des preuves de contacts directs avec les deux ministres, Saïd Bouteflika a déclaré que «l’annulation des mandats d’arrêt internationaux émis contre les membres de la famille de Chakib Khalil était un ordre du Président de la République Abdelaziz Bouteflika».
Il a ajouté que le Président lui avait demandé, «en vertu de sa fonction de conseiller, de le tenir informé de l’évolution des événements concernant cette affaire». Par conséquent, ses «contacts avec Tayeb Louh avaient pour but de s’informer de l’évolution de cette affaire afin de tenir au courant le chef de l’État et rien d’autre […]. Il n’a jamais été question de donner des instructions au ministre de la Justice lors de ces contacts», assure-t-il.

En novembre 2019, lors d’une intervention à l’Assemblée populaire nationale (APN), l’actuel ministre de la Justice Belkacem Zeghmati a fait savoir que la dissolution en 2013 du service de la police judiciaire du DRS (Département du renseignement et de la sécurité) avait été décidée «juste pour sauver une personne: Chakib Khelil». En août 2019, la Cour suprême algérienne a émis un autre mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ancien ministre de l’Énergie dans le cadre du réexamen des affaires dites Sonatrach I et II.

«Il n’y avait ni pouvoir judiciaire ni pouvoir législatif»

En mars 2020, lors de leur jugement en appel, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia ont demandé au juge de convoquer comme témoin à la barre l’ex-chef de l’État.

Selon le site d’information Tout sur l’Algérie (TSA), Abdelmalek Sellal a affirmé devant le juge que sous Bouteflika, «il n’y avait ni pouvoir judiciaire ni pouvoir législatif et que le seul pouvoir existant était celui du Président». Ahmed Ouyahia a adopté la même ligne de défense, «indiquant qu’il n’avait fait qu’appliquer le programme du Président, adopté par le Parlement», souligne le média.

Depuis sa chute en avril 2019, les appels à juger l’ancien Président pour corruption se multiplient en Algérie. À titre d’exemple, l’ancien ministre de l’Information Abdelaziz Rahabi avait appelé lors d’un entretien télévisé à juger Bouteflika «au moins symboliquement» pour sa responsabilité dans la corruption et dilapidation des deniers publics qui se sont répandues dans le pays durant ses 20 ans de pouvoir, précisant qu’un tel procès relevait strictement «de l’existence d’une volonté politique».

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