Tunis: le syndicat des journalistes alerte «contre le retour de la dictature et les menaces à la liberté d'expression»

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Le secrétaire général du Syndicat national des journalistes tunisiens a fait part à Mosaïque FM de ses craintes quant à «la liberté d’expression» dans le pays dans le contexte des émeutes nocturnes. Il pointe le comportement de certains policiers, les arrestations et «les menaces formulées à l'égard des journalistes par des députés».

Lors d’une intervention ce jeudi 21 janvier sur les ondes de Mosaïque FM, le secrétaire général du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Mohamed Yassine Jelassi, a tiré la sonnette d’alarme concernant les menaces «visant la liberté d'expression».

Alors que des manifestations nocturnes secouent certaines villes du pays depuis le 15 janvier, tournant souvent à l’émeute et aux pillages, M.Jelassi pointe dans certains cas le comportement de policiers et l’arrestation d’activistes sur le Net.

Le syndicaliste met en garde «contre le retour de la dictature et les menaces visant la liberté d'expression, notamment après l'arrestation de plusieurs personnes après des publications sur les réseaux sociaux». Dans le même sens, il dénonce «les menaces formulées à l'égard des journalistes par des députés».

Ces événements «ne sont pas innocents»

Pour ce qui est du timing, Mohamed Yassine Jelassi affirme qu’«aucun texte de loi n'interdit de manifester la nuit», rappelant à ce titre que «les manifestations qui ont abouti à la chute de l’ex-Président Ben Ali ont été menées, en majorité, le soir».

Le chef de l’exécutif Hichem Mechichi s’est exprimé sur ces évènements ayant frappé les villes de Kasserine, Siliana, Sfax ou encore la banlieue de Tunis, notamment le quartier d'Ettadhamen. «Ces troubles nocturnes ne sont pas innocents. Il n’est pas question de semer le chaos en Tunisie», assure-t-il, condamnant les appels sur les réseaux sociaux «à s’attaquer aux institutions constitutionnelles de l’État».

Avant lui, le chef de l’État Kaïs Saïed avait demandé aux manifestants de «se méfier de ceux qui entendent les manipuler sans avoir aucune intention de satisfaire leurs revendications et les oublieront aussitôt», lors d’une visite inopinée au quartier d'Ettadhamen.

La chef du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, estime quant à elle que «les émeutiers sont payés pour commettre des actes de vandalisme dans le cadre d’une tentative de coup d’État contre le Président de la République», selon Jeune Afrique.

Quid de la crise économique et sanitaire?

Dans une intervention sur sa chaîne YouTube, le Dr Riadh Sidaoui, président du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales de Genève, juge que «ces émeutes, qui comme d’habitude ont lieu les mois de décembre ou janvier, étaient tout à fait prévisibles».

«Ces manifestations sont générées par la crise économique et sociale marquée par un taux de chômage très élevé parmi les jeunes, y compris diplômés, qui se retrouvent désœuvrés et sans perspective dans un contexte aggravé par l’épidémie de Covid-19», explique-t-il.

Par ailleurs, il souligne «l’échec dans la gestion du pays des différents gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution, qui se sont contentés d’appliquer strictement et sans résistance les directives du Fonds monétaire international (FMI) à qui la Tunisie doit entre deux et trois milliards de dollars uniquement».

Pour le Dr Sidaoui, «le système politique instauré par la Constitution post-révolution a généré un blocage complet du pays du fait d’avoir dépouillé, de manière insensée, le Président de la République de certaines prérogatives, l’empêchant ainsi de pouvoir donner une direction au développement du pays». Et de conclure: «sur ce point, la Constitution devrait être amendée».

Le ministère tunisien de l'Intérieur a fait état de 632 arrestations, évoquant des groupes de personnes entre 15 et 25 ans qui ont «brûlé des pneus et des poubelles afin d'entraver les mouvements des forces de sécurité».

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