Le chef du gouvernement tunisien Hichem Mechichi a annoncé dimanche 17 janvier un remaniement de son cabinet touchant 12 ministères, dont celui de la Santé qui revient au Pr Hedi Khairi, spécialiste en gynécologie obstétrique et ancien doyen de la faculté de médecine de Sousse.
Alors que la séance plénière à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) consacrée au vote de confiance aux 12 nouveaux ministres nommés est prévue pour le mardi 26 janvier, l’ONG tunisienne de lutte contre la corruption I Watch appelle dans un communiqué publié sur Facebook le chef de l’exécutif à annuler la nomination du Pr Khairi. L’organisation pointe son implication dans une affaire de corruption liée à un meurtre commis par son frangin Me Jamel Hajji.
I Watch averti M.Mechichi que «le Pr Hedi Khairi pourrait être appelé à tout moment à se présenter devant le juge d’instruction, étant donné qu’il est soupçonné de falsification d’un dossier lié à l’affaire de meurtre avec préméditation [d’un jeune de 20 ans le 17 juillet 2019, ndlr] dans lequel l’avocat Jamel Hajji est directement impliqué».
«Conflit d’intérêts»
Pointant une question de «conflit d’intérêts» dans cette affaire, l’ONG explique que l’enquête qu’elle a mené «vise à protéger le droit de la victime qui est sur le point d'être perdu du fait de l’exploitation par le Dr Hedi Khairi de son réseau de relations dans les milieux judiciaire et sanitaire afin d'assurer l'impunité de son frère».
Ainsi, I Watch affirme que la juge en charge de l’affaire avant qu’elle ne lui soit retirée est une connaissance et une patiente du Dr Khairi. Le médecin légiste qui a examiné le corps de la victime est également un collègue du Pr Khairi à la faculté de de Sousse, alors que son épouse est l’associée du ministre dans un cabinet de fécondation artificielle. Enfin, le psychiatre qui a examiné l’avocat Jamel Hajji et recommandé sa libération immédiate est également une collègue du Pr Khairi à la faculté de de médecine de Sousse.
Le Président veut des ministres «intègres»
Le 17 janvier, quelques heures avant l’annonce de la nouvelle composition de son gouvernement, Hichem Mechichi avait rencontré le chef de l’État Kaïs Saïed à qui il avait présenté la liste des nouveaux ministres.
Lors de cette rencontre, le Président a insisté sur le fait que le choix de tous les responsables devait impérativement se porter sur des cadres compétents et «dont l’intégrité ne soulève aucun doute», informe une note de la présidence de la République.
Au gouvernement, «il n’y a pas de place pour les personnes faisant l’objet de poursuites judiciaires» ou pour lesquelles «il existe des doutes sur leurs parcours ou leurs comportements qui pourraient porter atteinte à l’État et à la crédibilité de ses institutions et à la légitimité de ses décisions», a souligné le Président tunisien, poursuit le communiqué.
L’ex-chef du gouvernement Elyes Fakhfakh a présenté la démission de son gouvernement le 15 juillet 2020 suite à des soupçons de corruption et de conflit d’intérêts liés à une affaire d’attribution de marchés public à une entreprise dont il possède 66% des parts. Il a été remplacé par Hichem Mechichi.