En dépit des contrats qui le lient aux laboratoires chinois Sinopharm et britannique AstraZeneca, le royaume chérifien envisage de se tourner vers d’autres fournisseurs de vaccins anti-Covid, et ce en raison des retards de livraison des premières commandes qui devaient arriver la semaine dernière, informe sur Facebook le Pr Azeddine Ibrahimi, membre du Comité technique et scientifique de vaccination.
«La principale raison du retard dans les livraisons est l’importante pression que subissent les fabricants à cause de la grande disproportion entre la demande mondiale et les capacités limitées de production», écrit le Pr Ibrahimi.
Par ailleurs, écartant l’idée «d’un quelconque laxisme de la part des autorités» concernant la qualité du vaccin ou les démarches pour son acquisition, le spécialiste explique qu’«aujourd’hui et avant tout, nous devons diversifier les sources d’acquisition de vaccins pour n’être à la merci d’aucun partenaire ou entreprise, comme c’est le cas actuellement».
Pour quels autres vaccins opter?
Le Pr Azeddine Ibrahimi souligne que «tous les vaccins que peut acquérir le Maroc répondent scrupuleusement aux critères scientifiques, médicaux et légaux et sont conformes aux normes d’homologation internationales définies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)».
À cet effet, et dans le but de pallier aux besoins urgents qu’impose la situation sanitaire dans le pays, le directeur du laboratoire de biotechnologie de la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat ajoute «qu’au sein du Comité, il a été proposé de contacter d’autres fournisseurs comme Johnson & Johnson qui devrait terminer ses tests cliniques au cours du mois de février. Un vaccin dont une seule dose est suffisante».
Par ailleurs, il précise que «la piste de l’acquisition du vaccin Moderna, dont la conservation n’exige pas une importante logistique, est également envisagée».
Vers le développement de capacités nationales?
Pour le Pr Ibrahimi, la pandémie de Covid-19 a secoué le monde et montré à bien des égards la fragilité du système de santé international et les limites des alliances politiques et stratégiques entre pays dans ce genre de crises majeures.
Selon lui, la course à l’acquisition d’un vaccin que pas mal de pays ont acheté à des prix exorbitants à cause de la spéculation doit inviter «tous les Marocains à penser à développer des capacités nationales de production de ce médicament».
«Pour ne pas rester à la merci de ces pays et entreprises qui développent et fabriquent des vaccins, il faut acquérir maintenant, oui maintenant, au Maroc, une indépendance scientifique et technologique à même de lui permettre de mettre au point des vaccins et les capacités de production nécessaires», insiste-t-il.
Et de conclure: «un défi que nous acceptons de relever avec de nombreuses compétences scientifiques locales et émigrées, si l’occasion nous en est donnée».