Dans le cadre du Forum Gaïdar 2021 qui s’est déroulé à Moscou les 14 et 15 janvier, le sujet de l’Europe après la pandémie a été abordé.
Plusieurs politiciens, dont l’ancien chancelier d’Autriche Wolfgang Schüssel, l’ancien Premier ministre de la Finlande Esco Aho et l’ancien ministre des Affaires étrangères italien Franco Frattini, ont évoqué les défis auxquels l’Europe et ses institutions pourraient faire face cette année. Ils sont en outre revenus sur l’avenir de l’UE à long terme.
«Europe unie»
Pour Wolfgang Schüssel, «aucune superpuissance aujourd’hui ne peut exister seule» vu le contexte actuel. «Nous dépendons tous les uns des autres. Il ne faut pas penser à l’Europe comme aux 27 États qui composent l’Union européenne. En fin de compte, je n’écarterais pas la Grande-Bretagne, ne l’exclurais pas des rangs des Européens, et j’appellerais aussi la Russie un pays européen.»
Se projetant en 2050, il dit voir une Europe unie avec un PIB total comparable à celui de la Chine ou des États-Unis. Les pays européens «doivent créer un système d’alliances en dehors de l’UE, avec les pays africains, avec la Russie», a souligné M.Schüssel.
Lutte contre le Covid
Quant aux enjeux à court terme, c’est la lutte contre le coronavirus et tous ses nouveaux variants qui reste le défi le plus important.
«Une énorme somme d’argent est allouée à la lutte contre le Covid et au relèvement après la pandémie […] Deux trillions d’euros, c’est une somme énorme. Comment l’utiliser efficacement? Pour moi, c’est l’un des principaux défis auxquels l’Union européenne est actuellement confrontée», a estimé Wolfgang Schüssel.
Vaccination de masse
L’ancien Premier ministre de la Finlande, Esco Aho, a également souligné l’importance de surmonter la pandémie de coronavirus.
«La tâche principale est de procéder à des vaccinations de masse aussi vite que possible, de stopper la pandémie et de commencer à réfléchir à la manière de relancer l’économie. Je pense qu’il y a beaucoup de travail ici en Europe».
«Un monde interdépendant»
Selon M.Aho, l’UE a besoin de partenaires comme «les États-Unis, la Russie et même la Chine». «Nous vivons dans un monde interdépendant, mais nous avons besoin d’une certaine indépendance […] On peut obtenir l’autonomie et en même temps maintenir cette interdépendance», a-t-il déclaré.
Tout comme M.Schüssel, il a souligné que la question fondamentale était de savoir comment dépenser les milliards alloués pour le redressement économique.
En outre, il a tenu à ajouter que l’agenda numérique et la santé devraient devenir des priorités clefs dans un proche avenir.
L’enseignement en Italie
L’ancien ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a évoqué un autre problème, celui de l’enseignement dans son pays.
«Il existe de considérables risques que les plus jeunes écoliers, qui ne sont pas allés en cours depuis 2020 [à cause de la pandémie, NDLR], ne puissent plus réintégrer le processus [éducatif, NDLR]. Il est difficile de s’impliquer dans le processus lorsque tu as perdu un an, surtout si tu as 7-8 ans », a déclaré M.Frattini.
Les problèmes de sécurité mondiaux et environnementaux, ou encore la situation en Libye figurent, selon lui, parmi d’autres défis.
Politique internationale des États-Unis
Les participants ont également discuté des possibles changements dans la politique internationale des États-Unis après l’arrivée au pouvoir de Joe Biden.
Wolfgang Schüssel a dit qu’il ne s’attendait pas à «des changements significatifs». «La Chine est toujours perçue comme une menace pour les États-Unis. La Russie est également considérée de facto de manière très hostile», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était primordial de se relever après la pandémie et de créer de nouveaux partenariats.