Durcissement des mesures sanitaires: pour Didier Maïsto, «on n’est pas obligé de tuer le pays de la sorte»

© Sputnik . Dominique Butin / Accéder à la base multimédiaCouvre-feu lors de la deuxième vague à Paris
Couvre-feu lors de la deuxième vague à Paris - Sputnik Afrique
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Avec un état d’urgence sanitaire prolongé jusqu’à fin juin, un couvre-feu à 18 heures étendu sur tout le territoire et la menace d’un confinement qui plane, les mesures restrictives ne semblent pas prêtes d’être levées et la grogne des Français est palpable. Ainsi, pour Didier Maïsto, «cette tendance à déconfiner pour reconfiner est absurde».

«Quoi qu’il arrive, je ne me reconfinerai pas. Je me mettrai hors la loi. Je l’assumerai. Je ferai ma vie», a lancé Didier Maïsto, dans l’émission Morandini Live sur CNews et Non Stop People, le 12 janvier dernier.

Une décision de ne pas respecter la loi que l’ancien PDG de Sud Radio n’a pas hésité à afficher sur d’autres plateaux de télévision, estimant que «des millions de Français» partageaient sa décision.

Est-ce à dire que le journaliste envisage une insurrection face au nouveau durcissement des mesures sanitaires? Dans un entretien avec Sputnik, Didier Maïsto se veut mesuré, mais n’exclut pas des vagues de mécontentement:

«Je ne veux pas être le révolutionnaire qui appelle à la sédition. Je dis ce que moi je compte faire et ce que fera aussi une partie des Français. Je suis logé comme tout le monde à la même enseigne, mais je pense qu’en étant responsable et en respectant un protocole strict, on n’est pas obligés de tuer le pays de la sorte. L’État demande aux gens de se coucher, car il n’a pas su gérer. Les citoyens l’ont compris maintenant.»

Didier Maïsto rappelle donc que «les Français ont été gentils et disciplinés jusque-là», un nouveau confinement serait pour eux donc difficile à accepter. À mesure que les règles sanitaires se prolongent dans tout le pays, les protestations se font en effet plus fortes.

Couvre-feux, confinements, les Français à bout?

Depuis plusieurs jours, des restaurateurs exaspérés par la fermeture prolongée de leurs établissements projettent de rouvrir «quoi qu’il en coûte» –pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron– le 1er février. Début janvier, le restaurateur Stéphane Turillon avait publié une vidéo dans laquelle il appelait ses confrères à se révolter contre le maintien des fermetures. Une séquence massivement relayée et dans laquelle il semble mettre au défi le Président de la République. «Je vais ouvrir mon restaurant […] et si vous voulez venir me fermer, venez», a ainsi lancé le chef cuisinier, appelant à nouveau à la désobéissance civile sur RMC le 14 janvier.

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Plusieurs syndicats de restaurateurs et des chefs de renom sont également montés au créneau pour sensibiliser le gouvernement sur le sort de leurs confrères, menacés de faillite en masse: 50% d’entre eux pourraient mettre la clef sous la porte à cause de la crise sanitaire. Un cri d’alarme auquel Emmanuel Macron s’est contenté de répondre en promettant le même jour que les restaurants et bars rouvriraient «dès que cela sera possible».

Selon Didier Maïsto, le gouvernement fait payer aux Français ses mauvais choix.

«Cela a été relativement passé sous silence, mais depuis 1993, on a supprimé 103.000 lits [d’hôpital, ndlr]. Les gens l’ont oublié, mais à chaque rentrée c’est le même cinéma avec les grippes et les hôpitaux saturés. Les leçons n’ont pas été retenues et on en paye le prix fort», souligne l’ex-patron de Fiducial Medias.

Des représentants politiques comme Jean-Frédéric Poisson, candidat à la présidentielle pour 2022, ont même encouragé «les Français et les maires à protester vigoureusement contre ces mesures de confinement!»

Une vindicte populaire et politique qui a récemment fait reculer le gouvernement sur le projet de loi «instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires», déposé le 21 décembre dernier.

La grogne des Français a déjà fait plier le gouvernement

Un texte qui prévoyait notamment de «subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transport ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif.» 

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Devant le tollé suscité par cette possible mise en place d’un «passeport vaccinal», jugée liberticide et discriminante, Olivier Véran, ministre de la Santé, a annoncé que son examen serait remis à une date ultérieure.

En attendant, sans grande surprise, le Premier ministre a annoncé ce jeudi 14 janvier un couvre-feu à partir de 18 heures généralisé à l’ensemble du territoire, durant au moins 15 jours.

Pas de «solution miracle»

Ce dispositif, déjà en vigueur dans 25 départements, débute samedi 16 et pourrait déboucher sur un nouveau confinement si la situation ne s’améliorait pas. Or, pour Didier Maïsto, la prolongation de ces mesures et leur durcissement est un réel danger.

«Il faut s’occuper en priorité des personnes à risque et laisser les autres reprendre leurs activités. On ne peut pas mettre le pays sous cloche continuellement, ça donne des suicides, des pathologies sociales […] C’est la pire des solutions», tonne le journaliste.

Et, si le confinement est à bannir, le couvre-feu à 18 heures est peut-être encore pire, juge-t-il. «Cela voudrait dire que les gens sortiront du boulot à 16h pour se ruer chercher les enfants à l’école puis ensuite à l’hypermarché tous en même temps. Une catastrophe assurée…»

Il paraît néanmoins difficile de s’accorder sur une alternative efficace sans pour autant bloquer le pays. Pour l’ancien PDG de Sud Radio, la solution miracle n’existe pas et aucune mesure n’a su faire ses preuves jusqu’à présent.

«Il y a déjà eu deux confinements, des couvre-feux qui n’ont pas montré leur efficacité. On enchaine les “stop and go” et on voit bien qu’il n’y a pas de solution miracle. Il faut donc être extrêmement modeste. La science tente de trouver des solutions, nous verrons ce que ça donne avec les vaccins, mais cette tendance à déconfiner pour reconfiner est absurde, sachant que la plupart des clusters ont lieu dans les cercles familiaux», conclut-il.
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