Un bunker d’une superficie d’environ 3.000 mètres carrés, spécialement aménagé en tribunal sous haute sécurité, accueille à partir de ce mercredi 13 janvier un grand procès contre la mafia à Lamezia Terme, dans le sud de l’Italie, indiquent les médias italiens.
Plus de 350 accusés, membres de 300 clans mafieux différents, et leurs complices –policiers, entrepreneurs, anciens maires et conseillers régionaux- doivent comparaître devant les juges. La plupart d’entre eux ont été arrêtés en Italie, Suisse, Bulgarie et Allemagne lors de raids de la police en 2019.
Près de 900 témoins et 400 avocats devraient aussi participer à ce «maxi-procès», le plus grand depuis trente ans, selon les médias. Parmi les personnes qui témoigneront figurent cinq témoins clés du parquet ainsi que 58 mafiosi qui ont décidé de collaborer avec les enquêteurs en brisant l’omerta, la loi du silence.
La ‘Ndragheta dans le viseur de la justice
La plupart des personnes jugées sont des membres présumés de la 'Ndrangheta, organisation mafieuse de Calabre. Au cours des dernières décennies, celle-ci a étendu son influence sur l’ensemble du territoire italien et en a dépassé les frontières. Plusieurs personnes soupçonnées d’appartenir à la Cosa Nostra sicilienne ou à divers groupes mafieux de la région des Pouilles se trouvent aussi sur le banc des accusés à Lamezia Terme.
«Tout le monde doit comprendre ce qu'est maintenant la mafia calabraise. Ce n'est plus une organisation de bergers qui se livrait autrefois aux enlèvements», a déclaré l'un des principaux organisateurs du «maxi-procès», le procureur en chef de la province de Catanzaro, Nicola Gratteri, cité par les médias.
Un procès en pleine pandémie
En raison des restrictions liées à la pandémie de Covid-19, certains accusés seront jugés par visioconférence et ceux qui seront présents dans le bunker observeront la distanciation sociale et porteront des masques de protection.
Le jugement de Lamezia Terme est la plus grande opération de la justice italienne contre la mafia depuis le «maxi-procès» de Palerme, qui avait duré de 1986 à 1992. L'initiateur de cette offensive contre les dirigeants de la Cosa Nostra était l’enquêteur Giovanni Falcone, tué par la mafia en mai 1992.