En novembre dernier, les Burkinabè ont fait leur choix et ont réélu Rock Marc Christian Kaboré dès le premier tour avec 57,87% des voix. Dimanche, la constitution du nouveau gouvernement a été rendue publique et il est évident que le Président Kaboré cherche à tenir ses promesses sur la réconciliation nationale, puisqu’un nouveau département a été créé à ces fins et que l’ancien chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré a pris sa gouvernance et a été nommé ministre d’État, souligne Siaka Coulibaly, analyste politique burkinabè.
«On constat que ce gouvernement est beaucoup plus politique que le gouvernement précédent parce qu’il y a une arrivée de plusieurs personnalités de premier plan parmi lesquelles Zéphirin Diabré, qui est le chef de file de l’opposition sortant ou maître Bénéwendé Sankara qui a dans le passé été aussi le chef de l’opposition et qui a été à l’Assemblée nationale les cinq dernières années. Désormais, le pouvoir est dominé par les hommes politiques contrairement au précédent, où il s’agissait plus d’acteurs issus de la société civile».
Les attentes manifestées du peuple
Rock Kaboré durant sa campagne électorale a fait des promesses sur la réconciliation nationale tant attendue et discutée par les Burkinabè, qui ont clairement exprimé leurs souhaits, donc désormais le peuple attend de son deuxième mandat une renaissance de la classe politique qui serait plus apte à prendre des décisions et qui soit plus efficace.
«Il y a une entrée de beaucoup de techniciens et cela marque la volonté du Président Kaboré de répondre aux attentes manifestées par les Burkinabè depuis plusieurs années qu’il a déclaré avoir pris acte pendant les messages de la campagne électorale.»
«Pas un gros scandale»
«Cette présence de l’ancien opposant dans le gouvernement ne représente pas un gros scandale dans le paysage politique burkinabè parce que c’est une scène politique qui ne connaît pas la présence des mouvements politiques extrêmes, il n’y a pas de présence d’extrême gauche ni d’extrême droite.»
En outre, l’analyste politique souligne que le Burkina Faso est un pays dépendant des aides internationales.
«Peu importe comment pourrait être la ligne politique d’un homme ou d’un mouvement, une fois au gouvernement il est bien obligé d’abandonner quelque peu ses convictions au profit de la mise en œuvre politique qui dépend plus des institutions internationales.»
Le nouveau climat politique
Le nouveau climat politique peut être modifié parce que l’entrée dans le gouvernent de Zéphirin Diabré suit la création d’un nouveau département qui s’occupe de la réconciliation nationale, estime Siaka Coulibaly.
«Zéphirin Diabré pour moi représente l’un des meilleurs profils pour assumer cette mission parce qu’il a l’étoffe politique nécessaire pour conduire un département nouveau, mais aussi au sein du gouvernement de défendre ses positions et ses actions, il peut discuter avec les exilés politiques qui sont une des thématiques importantes pour la question de réconciliation nationale.»
D’après l’analyste, Zéphirin Diabré a aussi un carnet d’adresses assez fourni à l’extérieur du pays ce qui peut lui faciliter les pourparlers avec certains groupes et forces politiques permettant de contribuer à résoudre les contradictions politiques, mais aussi armées qui existent à l’heure actuelle au Burkina Faso.