Sur les quelque 132.614 demandeurs d’asile en France, un sur deux se trouve en région parisienne. Les places d’hébergement sont saturées en Île-de-France, tandis que les capacités d’accueil dans l’Hexagone ne seraient utilisées qu’à 50%. Afin d’y remédier, l’État a décidé de répartir certains d’entre eux dans quatre régions précises. Lesquelles n’accueilleraient pas assez de migrants, compte tenu de leurs capacités d’accueil. Il s’agit de la Bourgogne-Franche-Comté, de la Bretagne (qui reçoivent chacune 2% du total des demandes d’asile et devraient passer à 5%), de l’Auvergne-Rhône-Alpes (qui passera de 9 à 13%) et de la région Grand Est (de 9 à 11%).
«C’est la démonstration qu’on a du mal à les installer. Nous n’avons plus les capacités d’accueil. Par ailleurs, les villes et villages concernés devraient quand même pouvoir donner leur avis sur ces arrivées chez eux. Choisir des villages dépeuplés pour les repeupler avec des migrants, c’est détestable dans l’idée» estime Gilbert Collard.
Dans sa volonté de rééquilibrer la répartition territoriale des demandeurs d’asile, le gouvernement a également décidé la création de 4.500 places d’hébergement supplémentaires. Partout sauf en Île-de-France. Ainsi que le révèle Le Progrès, qui a contribué à rendre publique ces informations, l’objectif est, à terme, d’orienter «2.500 demandeurs d’asile par mois depuis l’Île-de-France vers des régions déficitaires d’ici 2022».
«Un véritable exemple d’assimilation et d’intégration»?
Cette répartition, André Villiers, député UDI de l’Yonne –département qui, appartenant à la région Bourgogne-Franche-Comté, est concerné par les mesures– la juge légitime.
«Il y a un mouvement mondial d’immigration, un appel d’air qui ne s’arrêtera pas. Il est important de rediriger ce monde vers des zones plus rurales. J’en suis conscient et favorable», estime l’élu bourguignon joint par Sputnik.
Rappelant que le schéma publié par le ministère de l’Intérieur en décembre 2020 prévoit une hausse légère du nombre d’arrivants dans des régions disposant de places inexploitées, André Villiers pose tout de même une condition: que ces personnes ne soient pas entassées dans des camps. Chose qui s’est déjà observée dans l’Yonne, dit-il, avec «200 migrants les uns sur les autres, principalement afghans, dans un camp à Auxerre».
A contrario, pour Gilbert Collard: «On impose un flux inattendu à une population rurale sans même l’y préparer.» L’ancien député du Gard y voit un geste «très colonial» et fondé sur des quotas. «Il faut cesser de laisser l’idéologie l’emporter sur la réalité», martèle-t-il.
L'État veut réorienter 2 500 #migrants par mois de la région parisienne aux régions où la pression migratoire est moins forte. Remplir nos campagnes vides de ses habitants pour les remplacer par des demandeurs d’asile, comment peut-on qualifier cette pratique ?
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) January 7, 2021
(Src : Le Progrès) pic.twitter.com/CzkCzbGBpJ
Or c’est justement sur les quotas que misent les défenseurs de cette répartition, à l’instar de Didier Leschi, préfet et directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Dans une tribune au Monde, il considère qu’il y a «urgence à donner la priorité à plus de réfugiés». Des quotas qu’affectionne également André Villiers.
«Il faut faire un recensement, région par région, et même commune par commune. Et je suis sûr qu’on parviendra à faire coïncider places d’accueil et nombre d’habitants. Il faut ce servir du canevas administratif. Certains sont volontaires pour accueillir, il est donc inacceptable que des gens soient entassés de la sorte», selon l’homme politique.
Trop de migrants en France? Pas assez en province, compte tenu des capacités d’accueil. Une population locale prise en otage? Ou des habitants volontaires pour accueillir plus de demandeurs d’asile? Deux France se contredisent et n’ont pas fini de s’opposer sur l’immigration. En démographie, la vérité semble une histoire de perspective.