Revenu universel: la droite fait du Benoît Hamon

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La crise sanitaire contraindra-t-elle la droite à se rabattre sur des idées de gauche? Emprunté à l’ancien socialiste Benoît Hamon, le concept de revenu universel revient sur la table. Chez Les Républicains, les avis restent toutefois partagés.

Décidément, les conséquences de la pandémie de Covid-19 sont inattendues. Devant le risque d’une récession économique sans précédent et d’une précarité aggravée, la droite semble déterminée à se positionner sur les problématiques sociales. Ainsi, les députés Les Républicains (LR) ont-ils décidé de consacrer leur semaine de contrôle de l’action du gouvernement pour ce mois de janvier à la question des revenus. Selon Le Parisien de ce lundi 4 janvier, les députés LR Julien Dive et Stéphane Viry, réputés proches de Xavier Bertrand, candidat très probable à la présidentielle de 2022, planchent sur la création d’un revenu minimal universel, lequel serait garanti sous condition de servir d'une façon ou d'une autre l'intérêt général. Son montant pourrait être situé entre le seuil de pauvreté et le smic, afin de «ne pas donner l'impression que l'on dévalorise la valeur travail», précise Julien Dive au quotidien francilien.

La fraude sociale, «une injustice inacceptable»

Mais une telle perspective ne fait pas l’unanimité au sein des Républicains, un parti dont les penchants plus économiquement libéraux demeurent forts. Pour Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, la priorité de l’État devrait être de «savoir ce que l’on verse» avant de créer une prestation sociale.

«Aujourd’hui, nous sommes incapables de connaître le niveau d’aides sociales par habitant, alors qu’il existe plus d’une quarantaine d’aides différentes. Une fois que l’on aura cette information, on pourra savoir qui mérite d’être aidé en fonction de critères bien définis», avance-t-elle au micro de Sputnik.

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S’il existe en France un «recueil national des prestations sociales», le RNCPS, «celui-ci ne permet pas de répertorier toutes les prestations». Par exemple, dans le cas de services gratuits dispensés par une mairie ou un conseil départemental à ses administrés. Un flou qui empêche l’équilibrage des aides dispensées par l’État, mais qui fait surtout courir le risque de fraude, selon l’ancienne porte-parole des Républicains.

«Le plus urgent reste de lutter contre la fraude sociale, qui représente au bas mot 15 milliards d’euros en France. C’est une injustice inacceptable pour les Français: comment peut-il y avoir ensuite une adhésion à l’impôt? Je plaide personnellement pour une déclaration universelle de revenus sociaux. Aujourd’hui, on ignore totalement qui touche quoi et combien», dénonce Valérie Boyer.

Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, se dit de son côté catégoriquement «contre» cette proposition au micro de Sputnik. Pourtant, les sons de cloche varient au sein du parti.

Une idée piquée à Benoît Hamon

Dans L’Obs, le 15 décembre dernier, le député du Lot Aurélien Pradié, numéro trois du parti, plaidait ainsi pour la création d’un «revenu vital». «Nous gagnerions à faire en sorte que, dès ses 18 ans, tout jeune Français, quelle que soit sa situation sociale, bénéficie automatiquement d’un revenu universel vital», lequel «se substituerait à tous les autres dispositifs», expliquait le secrétaire général des LR. Celui-ci précise que le revenu vital pourrait correspondre à «40 % du revenu médian en France», soit une aide mensuelle de 715,60 euros.

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L’idée n’est pas sans rappeler le revenu universel d’existence (RUE) imaginé par Benoît Hamon lors de la campagne présidentielle de 2017. Le RUE défendu par l’ancien candidat socialiste concernait alors l’ensemble des personnes, comprises entre 18 ans et l’âge de la retraite, sans ressources ou dont les revenus étaient inférieurs à 1,9 fois le SMIC mensuel. Ce qui représentait selon les estimations de l’époque environ 19 millions de personnes, soit 30% de la population nationale. Fixé à 600 euros mensuels, le RUE était une prestation inconditionnelle: autrement dit, il n’était pas nécessaire de rechercher un emploi pour en bénéficier.

C’est notamment sur ce point que les deux propositions diffèrent. Aurélien Pradié, et plus largement ceux des LR qui partagent son idée d’un revenu universel, veulent conditionner cette aide à la participation à des «activités d’intérêt général». «À 18 ans et pour deux mois», précise le député du Lot dans son interview à L’Obs.

Mais, là encore, la proposition ne convainc pas entièrement Valérie Boyer.

«Il y a indéniablement un sujet concernant la pauvreté en France, que le mouvement des Gilets jaunes a encore rappelé. Mais je doute que créer un revenu universel soit la bonne chose à faire», coupe la Sénatrice.
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