Des chercheurs de la MGPPU ont constaté que les différences religieuses entre les conjoints constituent généralement un obstacle qui a un impact plus important sur la vie au quotidien que les différences ethniques, mais que le dialogue interculturel aide à les surmonter. Les résultats de la recherche ont été publiés dans la revue Behavioral Sciences.
Selon les chercheurs, l’appartenance des conjoints à des confessions et groupes ethniques différents les empêche, en règle générale, de coordonner les valeurs et objectifs vitaux et familiaux, provoquant de nombreux conflits. Dans le même temps, les mariages interculturels sont aujourd’hui très fréquents et des études sur la relation entre les conjoints dans ce type de couples donnent des résultats contradictoires.
Au cours de leur étude, les scientifiques ont tenté de trouver des moyens de surmonter ces contradictions. Ils ont utilisé des méthodes standard de recherche empirique et d’analyse statistique en comparant pour la première fois l’influence exercée par les facteurs religieux et ethniques sur les valeurs vitales et familiales des époux.
«Si l’on parle de la hiérarchie générale des valeurs des personnes mariées et de cultures différentes, nous avons constaté que la capacité à compter sur soi et à contrôler son environnement est particulièrement importante. Plus les différences interculturelles sont grandes dans le couple, plus les conjoints sont attachés aux valeurs de leur culture et tendent à respecter les normes que celle-ci prescrit. Dans la sphère familiale, ce sont les valeurs traditionnelles, telles que le vivre ensemble, la parentalité, qui sont plus importantes pour les couples interculturels», explique à Sputnik Elena Chebotareva, maître de conférences du département de psychothérapie de l’enfant et de la famille à la MGPPU.
Pour identifier le rôle des différences religieuses dans les mariages interculturels, les chercheurs ont étudié des couples dans lesquels des femmes russes sont mariées à des hommes orientaux: dans le premier groupe, aux Arabes musulmans et dans le deuxième, aux Caucasiens de religion chrétienne. Le groupe témoin était constitué de couples russes monoculturels.
«Les valeurs vitales des hommes et des femmes vivant dans des couples interculturels ayant une religion commune sont différentes, mais se complètent bien, ce qui leur permet de former une bonne équipe. Cela est démontré par une plus grande satisfaction par le mariage dans ces couples par rapport à ceux dans lesquels les époux ont des religions différentes. En général, l’appartenance à des cultures différentes, aussi bien dans les familles interethniques qu’interconfessionnelles, contribue à une harmonisation plus dynamique des valeurs vitales et familiales des époux, au développement d’une nouvelle culture commune, à la plus grande conscience dans la construction des relations», poursuit Elena Chebotareva.
Les résultats de l’étude permettent de mieux comprendre comment les valeurs sont harmonisées dans différents types de couples interculturels et comment cela affecte leur satisfaction par le mariage, estiment les scientifiques. Ainsi, ils espèrent que les psychologues et travailleurs sociaux prendront en compte ces données pour développer des stratégies plus précises de résolution des conflits et de recherche de compromis par les conjoints dans les couples interculturels, et pour fournir une assistance psychologique et sociale plus efficace aux migrants.
Les chercheurs de la MGPPU envisagent de poursuivre leurs recherches sur les problèmes liés au mariage interculturel. Ils réaliseront une analyse comparative des relations conjugales dans les couples ayant des lieux de résidence différents (dans le pays de l’époux, dans le pays de l’épouse, dans un pays tiers), mèneront des études quantitatives et qualitatives, dont des entretiens avec des couples interculturels. Cela permettra de mieux comprendre les mécanismes de développement de leurs relations et du rôle de la culture dans ce processus.