Lors d’une intervention sur la radio Express FM, le PDG de l’entreprise tunisienne de sondage Sigma Conseil, Hassen Zargouni, a révélé les résultats de la dernière étude effectuée à l’occasion du dixième anniversaire de la révolution qui a mis fin au pouvoir du Président Zine el-Abidine Ben Ali. Le verdict est sans appel. En effet, plus de la moitié des Tunisiens estiment que le soulèvement du 17 décembre 2010 a échoué.
En effet, sur un échantillon de 1.000 personnes âgées de plus de 18 ans, 58% ont affirmé qu’elle est un échec. Plus encore, 45% jugent qu’elle n’a atteint aucun de ses objectifs, particulièrement concernant le chômage.
Une période de transition
L’ex-Président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali a quitté le pouvoir le 14 janvier 2011 sous la pression de la rue. À cet effet, la classe politique avait organisé une période de transition de trois ans, durant laquelle un nouveau Président et une assemblée constituante avaient été élus. Ces deux derniers avaient comme principal objectif de rédiger une nouvelle Constitution.
En décembre 2011, Moncef Marzouki est élu Président dans le cadre d’une alliance avec le mouvement Ennahdha qui, quant à lui, a gagné la majorité à l’Assemblée et a donc été chargé de former le premier gouvernement démocratique du pays. Ainsi, c’est le tandem Marzouki-Ennahdha qui a dirigé le pays durant la période transitoire (2011-2014).
Deux témoignages de taille
Dans un entretien à la chaîne qatarie Al Jazeera, Moncef Marzouki a déclaré que «ce qui a tué la révolution en Tunisie c’est la durée de trois ans qu’a pris la transition politique».
«Nous avons perdu beaucoup de temps dans les questions politiques en négligeant les questions économiques et sociales». Et d’ajouter que «c’est ça qui a facilité la tâche à la contre-révolution pour reprendre le pouvoir en Tunisie».
«L’islam politique a provoqué un état de division au sein de la société tunisienne à un moment où les revendications de la révolution étaient foulées aux pieds des politiciens», a-t-il souligné.
Le mouvement Ennahdha a échoué dans la gestion du pays durant les trois ans de transition, a expliqué le responsable, appelant ses confrères «à développer une vision et un projet pragmatiques loin de l’idéologie islamiste».
Le 17 décembre 2010, un jeune licencié travaillant comme vendeur ambulant de légumes, Mohamed Bouazizi, s’est immolé par le feu sur la rue principale de la ville de Sidi Bouzid, dans le centre du pays, suite à une altercation avec une policière, déclenchant un mouvement de contestation populaire sans précédent à l’échelle nationale.