Génération identitaire (GI) peut se réjouir. La cour d’appel de Grenoble a prononcé la relaxe du groupe d’extrême droite et de trois de ses membres dans l’affaire de l’opération anti-migrants de 2018 à la frontière franco-italienne. Condamnés en première instance à six mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Gap, les militants Clément Gandelin (dit Galant), Romain Espino et Damien Lefèvre (dit Rieu) ont été relaxés. Ils étaient poursuivis pour avoir mené «une activité dans des conditions créant la confusion avec une fonction publique». Mais la cour a jugé l’action comme un geste de «propagande politique», «à visée médiatique». Rien de pénalement répréhensible donc.
La confusion avec les forces de l’ordre écartée
L’opération s’était déroulée au col de l’Échelle, non loin de Briançon, le 21 avril dernier. Une centaine de membres du groupe d’extrême droite prenait position à cet endroit stratégique des Alpes pour bloquer l’arrivée de migrants. Hélicoptères, patrouilles et banderoles étaient de sortie pour une nouvelle opération de communication. Avant celle-ci, la plus retentissante avait eu lieu l’été précédent, avec l’envoi du navire anti-migrants C-Star en Méditerranée.
«De même, il n’est pas illégal de signaler des gens qui traversent illégalement la frontière. Il n’y a pas de victimes dans cette affaire et aucun migrant ne s’est plaint», ajoute Damien Rieu au micro de Sputnik.
🔴 Non je n’irais pas en prison pour avoir défendu les frontières de mon pays comme nos ancêtres l’ont fait avant nous !
— Damien Rieu (@DamienRieu) December 16, 2020
Oui nous avons été persécutés judiciairement et diffamés depuis 8 ans.
Cette nouvelle VICTOIRE appelle celles de demain ! En avant ! 👊🏻🇫🇷 pic.twitter.com/KwMEowHN3h
L’action des Alpes relève donc, selon la cour de Grenoble, de la pure «propagande» et était «annoncée comme telle». Cette relaxe n’est pas la première pour Génération identitaire. Une de ses premières opérations, l’installation d’une banderole sur le chantier de la mosquée de Poitiers en octobre 2012, n’avait donné lieu à aucune condamnation. À l’époque, les militants avaient bénéficié d’un vice de procédure. Ce jeu à la frontière du légal est devenu la marque de fabrique de Génération identitaire. L’association s’est spécialisée dans les actions de communication et d’agit’ prop’ difficilement condamnables par la justice.
Une dissolution toujours envisagée
Pour Pierre-Marie Sève, délégué général de l’Institut pour la Justice, interrogé par Sputnik, «faire de la politique en tant que telle, ce n’est pas condamnable devant la justice». «Il est très difficile de dissoudre des partis politiques, ou tout bonnement de faire de la discrimination envers des gens ou des organisations en fonction de leurs opinions politiques», souligne notre interlocuteur.
Pourtant, dissoudre Génération identitaire trotte toujours dans les têtes au plus haut niveau de l’État. Déjà maintes fois abordée par le passé, l’idée a été relancée par le porte-parole du gouvernement au début du mois de novembre 2020 sur France Inter. «Dès lors que l'on a des preuves qu'il y a un appel à la violence, à la haine, il faut prendre les décisions qui s'imposent. On ne peut rien exclure», lançait Gabriel Attal dans le sillage médiatique de l’attaque manquée de l’assaillant d’Avignon. Abattu par les forces de police, ce dernier portait une doudoune bleue ornée du logo «Defend Europe». Le lendemain, Éric Coquerel, député de La France insoumise, adressait un courrier au gouvernement, en sollicitant également sur twitter Gérald Darmanin et Marlène Schiappa, pour «dissoudre ce groupe fasciste».
🚨 Je demande la dissolution de Génération Identitaire
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) November 2, 2020
L'homme dangereux muni d'un pistolet, abattu par la police à Avignon, portait un blouson de Génération Identitaire@GDarmanin @MarleneSchiappa, il faut dissoudre ce groupe fasciste. pic.twitter.com/bxbhmNTM1N
«En France, contrairement aux États-Unis, les milices sont interdites. Donc si un groupe comme Génération identitaire était amené à être qualifié de milice, il pourrait être dissous», ajoute Pierre-Marie Sève. En 2013, le Conseil d’État s’est fondé sur ce critère pour valider la dissolution par décret ministériel des groupes d’extrême droite Troisième Voie, Jeunesses nationalistes révolutionnaires et L’Œuvre française.