Le manque de sommeil, un problème aux lourdes conséquences dont les responsables politiques se détournent, dénonce Nicolas Goarant, ancien assistant parlementaire devenu «sleep activist» ou militant du sommeil. Auteur du livre Le Sommeil malmené, il tente de faire rejaillir le sujet dans le débat public.
«Dormir moins de sept heures par nuit va se payer très cher. Le repos conditionne notre existence. Ce qui peut sembler être du temps perdu est en réalité du temps gagné en qualité de vie», explique-t-il dans son ouvrage.
Il rappelle au passage qu’entre 1989 et 2017, les Français ont perdu en moyenne 1 heure 20 de sommeil, ne dormant plus que 6h42 par nuit. Le spécialiste met en cause la pollution sonore, le stress et les écrans, mais estime qu’une solution politique peut être apportée.
«C’est encore un domaine qui semble relever de l’intime, alors qu’il s’agit bien d’un phénomène politique. Notre repos a de fortes répercussions à tous les niveaux, il faut donc apporter des solutions», plaide-t-il. Il estime d’ailleurs que ce problème coûte «des milliards d’euros à la collectivité».
Selon lui, la qualité du sommeil est également un facteur non négligeable d’inégalité sociale. Il explique ainsi que les familles plus modestes ont tendance à dormir moins et moins bien que les familles plus riches. «La lutte des classes, ce n'est pas que les ateliers, c'est aussi les oreillers», écrit-t-il dans son livre.
Un ministre du Sommeil
Nicolas Goarant souhaite dans un premier temps une prise de conscience collective, comme cela a été le cas pour l’écologie, qui est devenue un domaine important en politique. Il considère que cela passera avant tout par la communication, notamment l’usage de slogans comme «Sommeil de huit heures, bonheur!» ou «La solution, le roupillon» qui finiraient pas être intégrés par la population.
Il demande même la nomination d’un ministre du Sommeil afin de «mettre le sujet à l’agenda politique» et de «fédérer tous les acteurs concernés». Parmi les solutions qu’il propose, le spécialiste promeut l’instauration d’un «couvre-feu digital», la diminution de la pollution sonore, ou encore le fait de commencer l’école plus tard dans la matinée. «Il faut construire notre vie en fonction de notre temps de repos, pas l’inverse», conclut-il.