Ces soignants positifs au Covid qui ont continué à travailler partagent leur malaise

© Photo Pixabay / koalaparklaundromatLits d'hôpital
Lits d'hôpital - Sputnik Afrique
S'abonner
Grevés par cette deuxième vague brutale de coronavirus, de nombreux établissements, dont des ehpad et des CHU, ont dû continuer d’employer des soignants positifs au Covid-19. Si cela est une pratique légale, soigner en étant contagieux est perçu comme un problème éthique par certains, explique franceinfo.

Malgré les recommandations sanitaires prescrivant de s’isoler en cas de Covid-19, de nombreux médecins ont dû continuer de travailler, considérés comme étant du personnel «non remplaçable». Franceinfo a recueilli une quinzaine de témoignages de toute la France: colère, agnoisse, sens du devoir... les avis sont partagés.

Ce n’est pas illégal

Olivier Véran a expliqué, lors d'une conférence de presse du gouvernement le 26 novembre, que des soignants contaminés pouvaient travailler si leur état de santé le leur permettait, ce qui «en période de tension sanitaire très forte» est essentiel pour «sauver des vies».

«Il y a un certain nombre de soignants qui, bien qu'étant positifs aux tests PCR au Covid, peuvent être amenés, en période de tension sanitaire très forte, à être appelés à travailler si leur état de santé est compatible, bien sûr dans des services dédiés Covid. Ce n'est certainement pas la règle, c'est l'exception», soulignait-il.

Se référant au Haut Conseil de la santé publique (HCSP), l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris confirme que dans ce cas-là, «un maintien en poste est possible avec un respect strict des mesures barrières».

Quid de la mise en danger des patients?

Face à l'ampleur de l’épidémie, de nombreux établissements ont estimé que la présence des soignants positifs l'emportait sur les risques. Or, certains font part de leur perplexité:

«Je me sentais capable de bosser, oui. Mais le problème était éthique: je suis censé soigner en étant contagieux», s'étrangle un soignant d’un CHU du sud-ouest de la France auprès de franceinfo.

En effet, un autre infirmier affirme avoir «croisé les doigts pour ne pas contaminer les patients», rapporte franceinfo.

«Le souci, c'est la mise en danger des patients, et c'est ce qui nous choque le plus. On nous transforme en agents de contamination auprès de ceux qui sont hospitalisés, et donc fragiles, qui vont développer la forme grave de la maladie», s’alarme Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI).

Ces braves soignants

M.Amouroux se préoccupe par ailleurs d’un mal-être des soignants qui ne sont pas «du bétail».

«On est dans cette vieille idée que les soignants sont là pour être au service, souffrir, qu'ils n'ont pas les droits attachés au citoyen normal. On leur demande de sacrifier leur santé au bénéfice de la population», s’indigne Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST), auprès de franceinfo.

Et pourtant, pour Jacques, médecin du Var, il n’était pas question de poursuivre son travail malgré la maladie. Il a voulu aller au front par solidarité, ayant appris qu'un cluster était apparu dans un ehpad et que l'un des médecins était parti à la retraite.

«J'avais passé un diplôme de médecin coordonnateur en ehpad, ça tombait bien. Je me suis proposé. À aucun moment on ne m'a obligé», insiste-t-il auprès de franceinfo.
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала