Le mois de janvier doit marquer le départ de la campagne de vaccination française contre le Covid-19. Paris attend le feu vert de l’Agence européenne du médicament (EMA), qui souhaite examiner davantage la demande d’autorisation européenne du vaccin Pfizer/BioNTech déposée par l’alliance biotechnologique américano-allemande. L’EMA devrait se prononcer au plus tard le 29 décembre et se pencher par la suite sur d’autres vaccins, notamment celui de l’Américain Moderna.
Au Royaume-Uni, qui a fait office de précurseur en autorisant le vaccin de Pfizer, deux personnes ont développé des réactions allergiques avec des symptômes de type réaction anaphylactoïde après une première injection. L’Agence britannique de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA) a alors déconseillé le vaccin de Pfizer aux individus ayant des antécédents de réactions allergiques «significatives».
"Les Anglais ont commencé à vacciner depuis 24 heures et ont déjà lancé une alerte", invitant à "ne plus le donner chez les allergiques." « Au niveau des effets indésirables, il y a un vrai problème dans le vaccin Pfizer", estime le Pr Caumes. | LCI https://t.co/mcBjJUIGz9
— Catherine Gasté (@catherinegaste) December 11, 2020
Aux États-Unis cette fois, quatre cas de paralysie faciale ont été diagnostiqués sur 18.000 patients qui ont reçu le vaccin de Pfizer. La Food and Drug administration (FDA) a recommandé une surveillance accrue. Enfin, deux volontaires –sur un échantillon de 44.000 ayant reçu le vaccin de Pfizer– sont décédés. Il convient de rappeler qu’il est impossible à ce stade de faire un lien entre leur mort et l’administration du vaccin.
Alexandra Henrion-Caude, généticienne et ancienne directrice de recherche à l’INSERM, se montre plus que prudente par rapport à ces vaccins anti-Covid. Elle évoque au micro de Sputnik un manque de recul et un non-respect de l’éthique médicale.
Sputnik France: Le Pr Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), estime qu’«au niveau des effets indésirables, il y a un vrai problème dans le vaccin Pfizer», comment l’évaluez-vous?
Alexandra Henrion-Caude: «Les problèmes sont nombreux et effectivement préoccupants. Certaines données issues du rapport de Pfizer sont inquiétantes, notamment autour des lymphadénopathies, paralysies faciales et arythmies ventriculaires. Alors qu’on parle de vacciner nos aînés en Ehpad, nous sommes toujours en phase d’expérimentation chez l’homme.
Le gouvernement a décidé de mettre en œuvre une stratégie jamais utilisée chez des personnes saines, alors qu’on est encore en pleine période d’essai clinique, ce qui est notamment le cas de Pfizer. Où sont les standards fondamentaux de l’éthique médicale? Ceux qui vont mettre en œuvre cette campagne expérimentale seront-ils conscients de la nécessité d’éclairer le consentement des sujets volontaires? Les personnes âgées seront-elles informées qu’elles vont participer à un projet de recherche biomédicale?
«Il faut commencer par arrêter d’utiliser ce mot “vaccin”»
En outre, même sous le prétexte d’urgence sanitaire, à laquelle tant de personnes libres, sans aucun conflit d’intérêts, ne croient plus, comment osons-nous jouer sur la crédulité des gens en utilisant des définitions technocratiques des mots? Demandez donc aux gens ce qu’est pour eux un “vaccin”. Ils ne vont certainement pas s’imaginer que, par cette injection, leur corps va se retrouver, tel un OGM, l’héritier d’une information génétique de virus, qui va forcer leurs cellules à produire sa protéine virale, pour créer –selon une réaction de type auto-immune– des anticorps dirigés contre les cellules qui auront produit la protéine du virus.
Il faut donc commencer par arrêter d’utiliser ce mot “vaccin”, détourné par les textes régulateurs et mettre en place un consentement véritablement éclairé.»
Sputnik France: Deux volontaires sont décédés aux États-Unis après avoir reçu une dose du vaccin de Pfizer. Cependant, leur mort n’est pas forcément liée au Covid-19 et ces chiffres, en tenant compte de l’échantillon, sont en phase avec le taux de mortalité naturel observé dans la population. Comment interpréter ces statistiques?
Alexandra Henrion-Caude: «À ce stade de l’étude, ces données ne me semblent tout simplement pas interprétables, car la durée de suivi est bien trop courte et les sujets –plutôt âgés– souffraient visiblement d’autres pathologies.»
Sputnik France: A-t-on assez de recul concernant ces vaccins?
Alexandra Henrion-Caude: «Par définition, le recul classiquement attendu par rapport aux évènements indésirables graves est de deux ans. Dans le cas de cette campagne, il a été réduit de 24 mois à six mois. Nous savons donc à l’avance que nous n’aurons pas le recul habituellement requis.
De plus, nous comprenons de ces incidents que les médecins vaccinateurs devront s’informer avec précaution sur l’historique de leurs patients (allergies et troubles divers de la réponse immunitaire…). Par retour, ils devront s’assurer que les sujets soient, pour leur part, informés des différents risques, et notamment celui d’une éventuelle maladie de l’ADE [aggravation dépendante des anticorps, ndlr].
L’ADE, qui est décrite par une abondante littérature scientifique, déclenche, en réponse à certains vaccins, dont celui du SRAS et du MERS, mais aussi du SRAS des chats, qui est étroitement lié au SARS-Cov2, une cascade très négative. Lors d’une ADE, les anticorps que l’on fabrique, au lieu de faire la guerre au virus, changent de camp et se mettent à aider le virus à vous envahir… Ce mécanisme, qui peut conduire au décès, peut être renforcé chez la personne âgée.
Et si «les anticorps, au lieu de faire la guerre au virus, changeaient de camp»?
Même si l’ADE n’a pas encore été documentée avec les vaccins Covid-19, certains scientifiques et médecins ont appelé à distinguer clairement le risque spécifique d’aggravation du Covid-19, dont vous parlez, des indications génériques sur le risque de décès, sans parler évidemment du risque générique de manque d’efficacité du vaccin. Il va falloir donc que tout le personnel concerné par la vaccination (scientifiques, médecins, et bien sûr, les sujets) soit spécifiquement averti du risque d’ADE.»