En pleine polémique sur les «violences policières», Emmanuel Macron a décidé la tenue à partir de janvier d’un «Beauvau de la sécurité» sur une réforme de la police, afin d’»améliorer les conditions d’exercice» des forces de l’ordre et «consolider» les liens avec les Français.
Pour déminer une situation explosive, le chef de l’Etat convoque ce «Grenelle de la police» qui réunira, à partir de janvier, des représentants des forces de l’ordre, élus et citoyens.
«J’y interviendrai personnellement», indique le chef de l’Etat dans une lettre datée de lundi et consultée par l’AFP qui répond au secrétaire général du syndicat Unité-SGP-FO Yves Lefebvre.
Celui-ci lui avait écrit lundi pour lui faire part de la «colère» qu’ont suscité chez les policiers ses propos reconnaissant des contrôles au faciès lors de son interview vendredi au média en ligne Brut.
Consolider le lien de confiance
Avec ce «Beauvau de la sécurité», du nom de la place où est situé le ministère de l’Intérieur, M. Macron dit vouloir améliorer les conditions d’exercice de la police et consolider le lien de confiance avec les Français.
Le rendez-vous devra s’appuyer sur les sept chantiers de réforme qu’a présentés le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin fin novembre, poursuit le chef de l’Etat: formation, encadrement, moyens, captation vidéo des interventions, inspection, effectifs et lien entre police et population, dont la lutte contre les discriminations et le rapport aux médias.
«Il y a urgence à agir», insiste le chef de l’Etat qui précise avoir demandé à Gérald Darmanin de «recevoir dès que possible» les syndicats de policiers pour peaufiner les propositions.
«Je souhaite avancer rapidement et concrètement pour améliorer les conditions d’exercice du beau est indispensable métier qui consiste à garder la paix», ajoute le chef de l’Etat.
«La France tient par ses policiers et ses gendarmes», «nous leur devons soutien et protection. J’y veillerai», conclut-il.
Des propos qui ont «laissé une colère certaine au sein de la police»
Emmanuel Macron reprend ainsi en main ce dossier, face à la colère des policiers mais aussi la défiance croissante des Français après le tabassage de Michel Zecler.
Il justifie en outre son annonce vendredi sur le média en ligne Brut de créer dès janvier une plateforme pour signaler les discriminations, en soulignant qu’il ne s’agit pas seulement des contrôles d’identité mais aussi de l’emploi, du logement, du sport et de la culture.
Il avait alors jugé «insoutenable» que les contrôles policiers ciblent davantage les jeunes dont la peau «n’est pas blanche».
Dans un courrier adressé au chef de l’Etat, daté également de lundi et dont l’AFP a eu connaissance, le secrétaire général du syndicat Unité-SGP-FO Yves Lefebvre souligne que cette interview «a laissé des traces et une colère certaine au sein de la police nationale».
«Même si votre discours venait dans sa globalité souligner l’action des forces de l’ordre et des policiers (…) mes collègues (retiennent) une seule chose, à savoir que les contrôles au faciès existent, qu’ils sont une réalité, qu’un jeune homme de couleur a plus de chance d’être contrôlé que les autres personnes».
«Cette affirmation est venue remettre en cause la qualité du travail quotidien des forces de l’ordre et particulièrement celui des policiers nationaux, surtout ceux engagés dans les quartiers difficiles», s’insurge Yves Lefebvre qui dénonce «des politiques d’urbanisation qui se sont suivies entassant les populations immigrées au même endroit depuis plusieurs décennies».
Il réclame «au plus vite un calendrier de réformes de fond pour enfin remettre la Police Nationale debout» et «la fin de la politique du chiffre qui est une des raisons principales à l’altération du lien police/population».
Gérald Darmanin a annoncé lundi qu’il recevrait le 18 décembre les syndicats de police et promis des propositions rapides au chef de l’Etat.
Les deux principaux syndicats de gardiens de la paix, Alliance et Unité-SGP-FO, avaient appelé samedi à cesser les contrôles d’identité en signe de protestation.