Le Parquet national financier (PNF) a requis ce mardi quatre ans de prison, dont deux avec sursis, à l'encontre de l'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, jugé pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des «écoutes».
L'accusation a demandé les mêmes peines pour l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert, ainsi que pour Thierry Herzog, avocat historique de l'ex-chef de l'État, demandant pour ce dernier qu'elle soit assortie de cinq ans d'interdiction professionnelle.
C'est la première fois qu'une peine de prison est requise contre un ancien Président sous la Ve République. Dans l'affaire des emplois fictifs, le parquet avait demandé à l'époque la relaxe pour Jacques Chirac qui avait été finalement condamné.
«Les faits ne se seraient pas produits si un ancien président, avocat par ailleurs, avait gardé présent à l'esprit la grandeur, la responsabilité, et les devoirs de la charge qui fut la sienne», a lancé le procureur financier Jean-Luc Blachon, soulignant qu'il avait été en tant que chef de l'État «le gardien de l'indépendance de l'autorité judiciaire».
«La République n'oublie pas ses Présidents, ne serait-ce que parce qu'ils font l'histoire. À l'inverse, on ne peut pas admettre d'un ancien Président qu'il oublie la République et ce qu'elle porte depuis plusieurs décennies: un État de droit», a-t-il poursuivi.
Réaction de la défense
Alors que l'audience était levée, Nicolas Sarkozy a quitté la salle sans faire de déclaration, laissant ce soin à son avocate Jacqueline Laffont.
Ces réquisitions sont «en décalage total» avec les débats, pendant lesquels le parquet a été «muet» et «chaque jour mis devant les failles, l'inexistence et la vacuité» de son accusation, a dit Me Laffont.
Son client est «en pleine confiance» et il sera «très facile» de «démonter» ces réquisitions, a-t-elle assuré.
Affaire des «écoutes»
Selon l'enquête, par l'intermédiaire de son avocat Thierry Herzog, Sarkozy a pu promettre d'aider Azibert à obtenir un poste à Monaco, et ce en échange d'informations confidentielles concernant une autre enquête liée au possible financement illégal de sa campagne présidentielle en 2007 par l'héritière de la société française L'Oréal, Liliane Bettencourt.
Dans le cadre de l’enquête sur le financement illégal de la campagne présidentielle de Sarkozy, en septembre 2013 les enquêteurs l'ont mis sur écoute. Début 2014, ils ont découvert que l’ex-Président avait communiqué avec son avocat via des téléphones portables enregistrés sous de faux noms.
L’ancien chef de l’État a à plusieurs reprises rejeté les accusations portées contre lui, y compris lors d'une audience au tribunal qui s’est tenue lundi 7 décembre.