Les tests de dépistage du Covid-19, l’un des principaux moyens de contrôle sanitaire en temps de pandémie, peuvent inévitablement entraîner des contaminations puisqu’ils nécessitent un contact entre patients et médecins. Face à ce problème, des ingénieurs russes ont créé puis fait breveter un robot qui permet de réduire drastiquement ces risques.
L’un des détenteurs du brevet, le directeur de l’Institut d’ingénierie et technologie informatique (IKTI) de l’Académie russe des sciences de Russie Sergueï Cheptounov, a expliqué à Sputnik les principes du fonctionnement du robot ainsi que les perspectives de cette innovation.
Le virus et les technologies
Parlant des motifs qui les ont poussés, lui et ses collègues, à développer ce robot, le scientifique a noté que la pandémie actuelle, absolument inattendue mais tout à fait prévisible, a démontré que l’humanité n’était pas prête à un tel défi du point de vue de la technologie.
«Nous nous sommes demandé comment faire face à des menaces similaires dans le futur pour être mieux préparés que nous ne le sommes présentement. Pour cela, nous devons chercher s’il y a des technologies plus efficaces que celles d’aujourd’hui qui sont établies sur le contact direct entre un patient et un médecin», a-t-il souligné.
De ce point de vue, il existe un problème majeur: une personne qui veut passer le test dans un hôpital ou un centre de dépistage risque d’être contaminée par d’autres personnes présentes ou par des particules virales résiduelles déposées sur les vêtement d’un laborantin. Un médecin est également exposé à ces risques. Ainsi, «dans les conditions de la pandémie, il faut séparer le patient et le médecin ou le laborantin», constate l’ingénieur.
Apparemment, si le médecin est remplacé par un robot, cela ne résout pas le problème du contact car les surfaces du robot peuvent transporter des particules virales aussi bien que les vêtements.
«Donc, compte tenu de ces facteurs, nous avons proposé notre propre solution. En fait, il s’agit d’une approche à part qui nous permet d’être prêts à faire face à de nouvelles pandémies. C’est toute une gamme de nouvelles technologies qui permettront d’agir de manière efficace et sécurisé dans les conditions de menaces futures», a-t-il souligné.
Fonctionnement du robot
La conception du robot repose sur l’idée de séparation étanche du patient et du laborantin qui lui, se trouve toujours dans la zone propre. Ainsi, même dans le cas d’une maladie plus dangereuse que le Covid-19, il sera toujours en sécurité. Le laborantin manipule un écouvillon à l’aide d’une manette tout en regardant un écran qui montre en détail l’arrière-gorge du patient.
Ainsi, le robot et le laborantin d’un côté, le patient de l’autre sont séparés par un mur hermétique comportant un petit trou à travers lequel l’écouvillon doit passer vers la bouche du patient. Pour éviter que les particules virales ne traversent vers le laborantin avec les courants d’air, il est prévu que la pression de l’air dans la zone propre soit un peu plus élevée par rapport à celle de la pièce où se trouve le patient.
Quant à ce dernier, il entre dans la zone qui a été préalablement exposée à des rayons ultraviolets ou, si nécessaire, à des substances désinfectantes. Il est muni d’un embout buccal jetable qu’il fixe sur un support se trouvant juste devant le trou. Il serre ensuite l’embout buccal avec les dents et le laborantin prélève les échantillons.
Une fois la procédure terminée, le robot emballe l’écouvillon sans le ramener dans la zone propre. M.Cheptounov insiste sur le fait que le robot se trouve dans la zone pure pendant toutes les manipulations.
En outre, des capteurs spéciaux permettent de contrôler la force de la pression de l’écouvillon sur les muqueuses de l’arrière-gorge du patient, ce qui permet d’éviter une éventuelle blessure.
Vers l’automatisation du robot
M.Cheptounov n’exclut pas qu’à l’avenir, grâce à l’intelligence artificielle, le robot soit capable de fonctionner de manière autonome, sans intervention de l’homme.
«Après un millier de tests, l’intelligence artificielle aura assez de données à analyser pour choisir ensuite la partie de l’arrière-gorge qui convient le mieux pour le prélèvement des échantillons. Le robot, lui, y est parfaitement prêt», a-t-il estimé.
Dans l’idéal, souligne l’inventeur, le système sera capable d’analyser immédiatement les échantillons pour donner les résultats du test en l’espace d’une quarantaine de minutes. De tels tests rapides et efficaces seraient la meilleure solution pour reprendre, par exemple, des liaisons aériennes entre les pays dans des conditions de pandémie. En effet, cela pourrait permettre de tester immédiatement des passagers avant ou après leur vol sans leur demander de respecter une mise en quarantaine de deux semaines.
D’après M.Cheptounov, il ne s’agit pas d’un engin trop compliqué et sa fabrication en série peut être lancée dans le cadre d’une procédure commerciale standard après l’obtention d’une autorisation officielle. De surcroît, les dépenses peuvent être couvertes dans le cadre d’un système d’assurance médicale qui paie des tests de dépistage ordinaires.
La coopération internationale
L’inventeur a rappelé que des ingénieurs chinois et belges avaient essayé de faire des robots de ce genre, cependant leurs engins ne prévoyaient pas la séparation du patient et du robot, ce qui constitue l’avantage principal de l’invention russe.
Pour autant, les ingénieurs russes sont ouverts à la coopération avec leurs collègues étrangers. Le brevet qu’ils ont acquis sert surtout à faciliter cette coopération, souligne le chercheur.
«Sans nul doute la question de la sécurité sanitaire concerne non seulement la Russie mais aussi le monde entier et donc nous serions ravis de coopérer avec nos partenaires russes et étrangers», a-t-il conclu.