Sport dans les quartiers, le dernier rempart pour une jeunesse en difficulté est menacé

© AFP 2024 BENJAMIN CREMELAire de jeu basket-ball
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Les élus des zones socialement défavorisées craignent que cet ultime lien avec les jeunes en difficulté ne disparaisse. En cause, la situation dramatique des associations du socio-sport dans les quartiers à cause de l’épidémie de Covid-19. Sputnik a interrogé Cap’Sport, une structure qui mise sur l’insertion professionnelle par le sport.

Dans les quartiers, le sport est en danger et les conséquences seront lourdes. Dans une lettre ouverte publiée par le Nouvel Obs, 80 élus de tous bords politiques confondus ont lancé un appel à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, et à Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports. L’objet de leur doléance? «Sauver le sport dans les quartiers

En effet, les élus regrettent que des projets mis en œuvre soient «trop peu soutenus et pas assez reconnus», malgré leur «efficacité» et leur «utilité sociale». La faute donc à «l’absence d’engagement pérenne de l’État». Selon eux, l’épidémie «a eu un impact dramatique sur les associations sportives, et notamment celles qui sont implantées dans les quartiers».

Impact dramatique du Covid-19 sur les associations

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Ainsi, selon une étude réalisée par l’Agence nationale de la cohésion des territoires, «90 % des associations ayant répondu ont signalé un impact ‘fort’ ou ‘très fort’ à court terme du Covid-19. En outre, plus de deux tiers des répondants ont vu leur activité baisser d’au moins 60% lors du premier confinement». «Les quartiers, mais pas seulement, ont pris la crise sanitaire de plein fouet,» résume au micro de Sputnik Philippe Fourrier, directeur de Cap’Sport, une association qui s’investit depuis plus de 12 ans dans les quartiers prioritaires à travers des activités de proximité.

Une conjoncture qui a d’ailleurs poussé la structure à s’adapter afin de continuer à proposer des activités sportives, respectueuses des règles sanitaires mais également des activités éducatives. «Il y a des jeunes qui viennent nous solliciter pour de nombreuses raisons: ils veulent faire du sport, essayer de nouvelles disciplines, ils sont sur des parcours de réalisation à la fois culturelle ou environnementale. Tandis que pour certains, c’est pour de la remobilisation», énumère Philippe Fourrier.

«La pratique sportive, au même titre que la musique ou les arts plastiques, est un outil facilitateur d’inclusion sociale et d’intégration citoyenne», poursuit-il.

Pourtant dans ces zones géographiques, le sport semble être aux abonnés absents.

Le sport comme vecteur d’insertion

Et pour cause, les 5,4 millions de personnes qui vivent dans les 1.500 quartiers classés prioritaires pratiquent deux fois moins de sport que la moyenne de la population. Pis, près de 10% des zones urbaines sensibles ne comptent aucune structure pouvant les accueillir.

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Or, cette activité est un vecteur d’insertion. Le rapport Borloo soulignait déjà en 2018 que «c’est un univers qui a un vrai contact avec la jeunesse, noué dans la durée et dispensant des valeurs par l’exemple. C’est un moteur essentiel du pacte républicain. C’est le meilleur levier pour accompagner l’insertion sociale et professionnelle et l’accès à l’emploi. C’est aussi souvent le dernier lien avec certains jeunes en situation de décrochage scolaire et social».

En témoignent les résultats obtenus par Cap’Sport. Philippe Fourrier explique que l’association a permis à près de 90 jeunes de pérenniser leur emploi. L’association compte d’ailleurs dans ses rangs 30 salariés, ce dont se félicite Philippe Fourrier.

«Les jeunes sont demandeurs, mais ils sont aussi la future ressource de cette machine humaine, car ils seront peut-être avec nous en service civique, en apprentissage, en contrat, ou peut-être en TIG [travail d’intérêt général, ndlr].»

Pour continuer d’exercer cette mission d’intérêt public, les signataires de la tribune souhaitent donc que le gouvernement mette en place les mesures en faveur du sport préconisées par le plan Borloo. Par ailleurs, ils proposent la création et le financement de 5.000 emplois sportifs, d’un fonds pérenne d’urgence ou encore, l’attribution d’une enveloppe de 1% du budget global des Jeux olympiques et paralympiques sur des projets ou des dynamiques présentes dans les villes (QPV).

Mais plus encore, les auteurs de la tribune souhaitent le lancement d’un Grenelle de l’éducation et de l’inclusion par le sport afin de suivre l’application des mesures qui seront prises, le lundi 1er février 2021, à Garges-lès-Gonesse.

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