Après l’assassinat du scientifique nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh, Téhéran a contacté «directement» le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed le week-end dernier, prévenant les Émirats arabes unis des conséquences d'une attaque américaine contre l'Iran, a déclaré une source émiratie de haut niveau à Middle East Eye.
Selon le média, l'Iran craindrait une éventuelle attaque des États-Unis, estimant que Donald Trump pourrait frapper la République islamique avant la fin de son mandat le 20 janvier.
«Mohammed ben Zayed a reçu une menace directe de l'Iran», a déclaré la source en ajoutant que l’Iran tient les Émirats arabes unis pour «responsables de l'assassinat de Fakhrizadeh.»
Les alliés de Trump
Les Émirats arabes unis, qui se trouvent à seulement 70 km de l'Iran, sont des alliés de Donald Trump et ont récemment conclu un accord de normalisation avec Israël.
Selon la source, le contact entre l'Iran et Mohammed ben Zayed a eu lieu quelques heures à peine avant une déclaration du ministère émirati des Affaires étrangères qui a dénoncé dimanche soir l'assassinat de M. Fakhrizadeh, lequel pourrait «alimenter davantage les conflits dans la région».
«L'état d'instabilité que traverse actuellement notre région et les défis de sécurité auxquels elle est confrontée nous poussent tous à œuvrer pour éviter les actes qui pourraient conduire à une escalade et éventuellement menacer la stabilité de toute la région», a déclaré le ministère.
L’Iran accélère son programme nucléaire
Suite à l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, le Parlement iranien a proposé un projet de loi ayant pour objet l’augmentation du taux d’enrichissement de l’uranium et le recours à des centrifugeuses plus avancées que celles prévues par l’accord nucléaire, annonce un communiqué diffusé par son service de presse.
Le projet de loi envisage d’augmenter le niveau d’enrichissement de l’uranium à 20% et plus. Actuellement, l’Iran enrichit son uranium à 4%, alors que le taux prévu par l’accord nucléaire est de 3,67%. Le même texte suggère d’utiliser les centrifugeuses IR-2M sur le site de Natanz et d’installer des IR-6 sur celui de Fordo, alors que l’accord n’autorise que l’utilisation de centrifugeuses de génération IR-1. Enfin, il compte relancer le réacteur d’Arak et débuter la construction d’un deuxième.
Le projet de loi prévoit également d’abandonner le protocole additionnel permettant à l’Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA) d’avoir un accès plus large à l’information et aux sites nucléaires iraniens, estimant que cela est la meilleure réponse à l'assassinat du scientifique.
Assassinat du scientifique iranien
Un scientifique iranien du secteur nucléaire a été tué vendredi 27 novembre. Mohsen Fakhrizadeh, âgé de 59 ans, était à la tête du département Recherche et innovation du ministère de la Défense. Il a été pris pour cible dans sa voiture par plusieurs assaillants dans la localité d'Absard, à l'est de Téhéran, qui l'ont gravement blessé. Il n'a pas pu être réanimé, selon les autorités.
Le lendemain, le Président iranien, Hassan Rohani, a accusé Israël d’avoir agi comme «mercenaire» des États-Unis dans cet assassinat.